Anonyme [1649], LE REPENTIR DE MAZARIN PAR LVI TESMOIGNE A LA REYNE, ET LA DEMANDE DE SON CONGÉ , françaisRéférence RIM : M0_3352. Cote locale : A_8_41.
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à la reputation de mon nom & de ma conduite, dans le
gouuernement de l’Estat.

 

I’aduoüe, que le destin n’auoit point d’autres forces
pour m’abaisser ; La France m’estoit redeuable de ses premieres
conquestes ; Les alliez m’appelloient l’autheur de
leur felicité ; ie me suis veu l’arbitre de la paix, & de la guerre
en tout l’Vniuers, i’auois releué à en assez haut point de
dignité, la bassesse de ma naissance i’auois surmonté la malice
de l’enuie ; i’auois dompté les fureurs de l’enuie ; i’auois
dompté les fureurs de l’arrogance : Ainsi rien n’estoit capable
de me rendre mal-heureux, hors que de contrecarrer
les sentimens, que vous auiez pour vostre peuple. Les souhaits
que vous faisiez pour la paix, & changer les conseils,
que vous preniez du Ciel, dans vostre conduite, en des
maximes d’vne prudence humaine, qui est tousiours accompagnée
de cruauté, ou d’oppression enuers le peuple.

Ie me repans, & quoy que ce soit trop tard, plus pour le
bien de la France, que pour asseurer mon salut ; ce sera tousjours
le meilleur, & le plus conforme à mon deuoir, & plus
digne de la grandeur de vostre Majesté, de vous tesmoigner
mon iuste repentir.

Partant, Madame, consultez auec DIEV, selon jadis
vostre coustume, plustost qu’auec moy, ce que vous
auez à faire, ne me retenez plus, donnez, au plustost, vostre
consentement à l’Arrest si iuste, qui a esté faict contre
moy ; permettez, que le fer, qui s’est soüillé dans les entrailles
de vos Sujects, se laue auec les larmes de mes regrets. A
quel dessein voulez vous sauuer la vie à celuy, qui n’a pas
sceu conseruer celles de vos peuples ? Permettez, permettez,
que mon esloignement ramene le calme dans vostre
Estat, & que ma fuitte dissipe la tempeste, que i’ay excitée
par mon sejour.



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