Anonyme [1649], DISCOVRS ADDRESSÉ AVX SOLDATS FRANCOIS. DEDIÉ A MR DESLANDES-PAYEN, Conseiller en Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_1101. Cote locale : C_7_50.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 13 --

fort empesché d’en venir à bout. Mais ie n’addresse ce Discours
qu’à ceux qui croyent en Dieu, & se resignent à sa prouidence.
D’abord ils refutent ces Sceleratesses en les detestant. Ils
ont en horreur l’ombre seule de ces opinions damnables. Quand
à Brutus ? n’estoit-ce pas vn vray tyran luy-mesme en massacrant
comme il fit Iules Cesar son bienfaicteur, soubs pretexte qu’il
estoit tyran. Et depuis cela, ses entreprises allans toujours de
trauers, n’estoit-ce pas vne juste punition du Ciel pour vn attentat
si cruel & si perfide ? Qu’on die ce que l’on voudra de Brutus
& de son courage, c’estoit vn brutal en tenant le langage susdit.
Quand à la plainte ordinaire de ceux qui voyent que l’innocence
bien souuent est affligée, & le vice couronné de gloire & de splendeur.
Ce n’est pas icy le lieu de philosopher. Il est raisonnable
que nous patissions à l’imitation de l’Agneau tres-innocent par
la mort & le sang duquel nous sommes viuifiez. Et quand aux
meschans qui prosperent, ce sont des porcs viuans dans la fange
& que l’on engraisse pour estre egorgez. Au reste la France ne
s’est point encore dementie. Il n’est pas croyable qu’vn particulier
poussé de l’esprit infernal, fust il vn Hercule, la puisse alterer
ou atterrer en façon quelconque. Il y a vne prouidence la haut
qui l’a toujours soustenuë. C’est là que nous auons des espions
& des intelligẽces fidelles. De là viennent les aduis & les stratagemes
au cœur des bons Citoyens pour la defense de leur Patrie
& de leur Roy. Encore dirons nous trois mots empruntez de Tacite
en ses Annales, parce qu’ils semblent expressément faits
pour nous. Non adeo turbatam ciuilibus armis Remp. superesse fideles
Prouincias & exercitus, fortuna imperij & vltores Deos. Ladem rursus
nomina, eadem fata ruptores fœdorum expectent. Nous auons trois
choses pour nous, la fidelité des Prouinces, la fortune de ce
Royaume, & la vengeance du Ciel contre les perfides & les perturbateurs
du public. Car quand la Iustice est exercée, Dieu qui
preside en la voix du Iuge, la fait enfin reussir à la confusion des
meschans. Au reste le hazard est pour l’ordinaire, vne grande
partie de la guerre, de laquelle ceux qui n’ont pas grande experience
font quelquefois des efforts comparables aux plus aguerris,
ainsi que rapporte le mesme Autheur. Pourueu qu’il y ait des
Chefs non moins capables que soigneux de descouurir les stratagemes
& les surprises de l’ennemy, & en suite de recognoistre


page précédent(e)

page suivant(e)