Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.
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de tant de fleaux, pour auoir refusé la liberté au peuple d’lsraël, comme
vous faites maintenant au vostre. Considerez qu’vn Saül, qui
auoit esté esleu par la main du Tout-puissant, perdit la vie auec la
Couronne, pour n’auoir pas suiuy les ordres d’vn Prophete. Que
son successeur Dauid, que Dieu mesme trouua selon son cœur, receut
vne horrible peste dans son Royaume, pour vn peu de vanité
qu’il eut de faire nombrer son armée : Et que Roboam, son petit fils,
perdit dix Tribus de douze qu’il en auoit, pour auoir suiuy les sentimens
de mauuais Conseillers. Prenez garde, chere Princesse, de
n’auoir vn pareil chastiement pour vne pareille faute : mais prenez
encor garde à Adam ce premier fauory de Dieu, mais ce premier
malheureux des hõmes, qui pour vne põme, pour vne desobeïssance,
perdit tous les aduantages de sa nature, la possession du Paradis terrestre,
& l’empire absolu qu’il auoit sur ses passions, & sur toutes les
creatures. Prenez garde que les Anges mesmes (autrefois mes compagnons,
& maintenant mes ennemis, ces Esprits bienheureux qui
brilloient là-haut auec tant d’éclat & de pompe) furent precipitez
du Ciel dans les Enfers pour vn seul peché de superbe. Tremblez,
grande Reyne, apres ces considerations : Tremblez parmy tant d’horribles
crimes dont la guerre est la source, & que vous deuez faire cesser
par vos defenses : Faites la paix, mais faites-la stable, & s’il se peut,
eternelle : Faites-la au contentement de vos bons subjets, & à la confusion
des mauuais Ministres : Faites-la malgré tous les empeschemens
de ceux qui s’y opposent, & surmontez genereusement toutes
les difficultez qui peuuent la retarder : Faites-la pour Paris, mais faites
la en mesme temps pour toute la France & pour l’Espagne : Accordez,
par vne bonne paix, ces deux Nations que vous auez autrefois
vnies par vostre mariage : Vous y auez grand interest, puis que
vous sortez de l’vne, & que vous regnez dans l’autre ; & que toutes
deux vous aiment & vous honorent extremement, comme la plus aimable
& la plus vertueuse Reyne du monde. Faites la paix generale
pour le soulagemẽt general de tant de miserables : Imitez vne grande
Princesse qui estoit sortie du mesme païs où vous estes née, qui estoit
comme vous, Mere & Regente d’vn Loüis & d’vn Roy de France.
Vous estes Reyne, & ie vous donne pour modele vne Reyne, qui
n’inspiroit au Roy son fils que l’amour de Dieu, l’affection de son
peuple, & le soulagement de ses subjets, qui par ses bonnes instructions
en fit vn grand Sainct aussi-bien qu’vn grand Prince ; qui apres


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