Anonyme [[s. d.]], RELATION DE CE QVI S’EST PASSÉ EN LA VILLE de Bordeaux les derniers iours du mois de Iuillet 1649. lors de la signification de l’Interdiction du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3127. Cote locale : A_8_4.
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Marquis de Bridoire & Fumel conduits à la Conciergerie,
dont Monsieur d’Espernon a eu vne telle peur,
qu’il a aussi-tost fait sonner le boute-selle, ce qui faisoit
croire que c’estoit l’effet des menaces qu’il nous faisoit
hier de se vanger, pensant qu’il vint à la charge,
sans sçauoir au vray quel estoit son dessein : Ce qui a fait
que le peuple s’est si bien mis en estat, que Monsieur
d’Espernon auec toutes ses forces n’a osé l’enuisager :
Nous pouuons dire qu’il s’en est fuï auec honte, car
n’osant passer par la ville il a gagné la porte Dauphine,
proche de son logis, & a fait auec tous ses
gens le circuit de nos murailles pour aller regagner la
porte de S. Iulien, qui luy est fatale, & par laquelle il ne
peut entrer ny sortir : Les femmes & enfans se sont mis
sur les remparts, & pendãt tout ce tour, le combat a esté
grand sans effusion de sang : De son costé Monsieur
d’Espernon fulminoit des anathemes contre la ville,
la menaçant de fer & de feu, & d’aller ruiner les maisons
& les vignes dans toute la campagne ; Et de l’autre
costé les femmes & les enfans le chargerent d’injures
& d’execrations, jettans forces pierres sur son
carrosse.

 

Le Parlement apres la lecture de l’interdiction, receut
Monsieur le Procureur General opposant à cette
Declaration, & ordonna que tres-humbles remonstrances
seroient faites à sa Majesté, & cependant que
sous son bon plaisir l’exercice de la Iustice continuëra.

FIN.



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