Brousse, Jacques [?] [1649], ADVIS AVX GRANDS DE LA TERRE. Sur le peu d’asseurance qu’ils doiuent auoir en leurs Grandeurs. Dedié aux Conseruateurs de leurs vies. , français, latinRéférence RIM : M0_487. Cote locale : A_2_2.
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Sont entrepris de mesme parques,
Et coupez d’vn mesme eiseau.

 

C’est donc à vous, a qui ie parle Monarques redoutables, qui par vos
cruautez, vous estes rendus semblables à des Nerons, vous faisant apprehender
de ceux, dont vous ne deuez rechercher que l’amour & les
obeyssances volontaires : tremblez dans vos Royaumes, si vous n’y estes
cheris de vostre peuple, tremblez au pẽser de ce qui arriua au grand Maurice.
Cét Empereur ayant par auarice refusé de rachepter des Soldats, qui
auoient esté pris dans vne bataille qu’il auoit donné, & qu’on luy offroit
pour vne rançon tres-peu considerable se rendit odieux à toute son armée,
dont vne troupe enragée, contre son peu de charité, éleut Empereur en sa
place vn simple Centenier, qui auec l’ayde du reste des Soldats détrosna
ce Prince auaricieux & luy fit oster la vie sur vn eschafaut public, apres
luy auoir fait voir la mort de cinq de ses enfans.

Ie parle à vous, Souueraines puissances de la terre, qui vous persuadez
que tout vous est inferieur, & que rien n’est au dessus de vos trosnes, puis
que quand vous n’auriez point de rebelles dans vos Estats, & que vous
sçaurez l’art de vous assujetir paisiblement les nations, vous n’estes pas
seuls Roys en ce monde : Et qu’il ne faut qu’vn voisin puissant vous declarer
la guerre, pour vous chasser honteusement, & vous despoüiller de
toute vos Prouinces, comme fit Alexandre au plus grand Roy qui a iamais
gouuerné la Perse, i’entends le miserable Darius. Et que quand bien
les Roys de la terre vous seroient sousmis, vous estes vous mesmes sujets
d’vn Monarque, a qui toutes les testes couronnées sont redeuables de leurs
pouuoirs, & qui a plus de droit & de dommation sur elles, qu’elles n’en
ont sur leurs Sujets.

 


Regum timendorum in proprios greges
Reges in ipsos imperium est Ioues.

 

Et qui subjugue sans peine & sans combat tous les plus heureux conquerans,
les vns dans le fort de leur Royaume, par des maladies, comme
cét Alexandre le vainqueur de toute la terre. Les autres par des punitions
corporelles, Comme le superbe Nabuchodonosor, qui fut beste vn grand
nombre d’années, comme plusieurs autres qui sont demeurez impotens
de leurs membres ; Et tous enfin, sans esgard de leur pourpre, par la
mesme voye que le reste des hommes, qui est la mort.

 


illi turba clientium,
Sit maior : aquâ lege necessitas
Sortitur insigues, & incos.

 

Ie parle à vous, Tyrans, de biens & de vies de vos peuples, qui croyez
que le titre de Monarque ne consiste que dans la seruitude & l’aneantissement
des suiets, que dans les iniustes sentences de mort, que dans les exactions
[3 lettres ill.] la disposition de biens qui ne vous appartiennent que par cette
loy maudite de la terre & des Cieux, que vous saites à vostre modo : qui



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