M. L. [1649], LE BOVCLIER ET L’ESPÉE DV PARLEMENT ET DES GENERAVX, CONTRE LES CALOMNIATEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_599. Cote locale : A_3_17.
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rencontres où elle est plus difficile ; Ils se sont genereusement
comme de vrais Iasons exposez à la
mercy de la mer & des vents. Ils ont leué l’ancre, &
desployé les voiles sans peur du foudre & de la tempeste
apparente qui se monstroit dedans la nuée.
Ils ont combattu ces fiers Taureaux, qui dans le
Champ de Mars ne jettoient que feux & que flâmes ;
& s’ils n’ont pas vaincu ce fier Dragon, gardien
de la plus riche toison de ce Royaume, il en
faut recognoistre vne autre cause que leur manque
de generosité. Tout cela n’estoit pas, quoy qu’on
en puisse dire, vne entreprise peu difficile : Il falloit
pour vn dessein si juste & si hazardeux de grands
cœurs & de bonnes ames. Dans la gloire qu’ils possedoient,
& qu’ils possedent encore ; assis au Thrône
de la Iustice, Dispensateurs du pouuoir Souuerain,
Astres Tout-puissans dont les bonnes ou les
mauuaises influences dominent toutes les parties
inferieures de cét Estat ; vne infinité de personnes
se seroient peu souciez de la miserable condition
du reste de la France. Rarement voyons-nous ceux
qui sont à leur aise penser à soulager ceux qui n’y
sont pas. Du faiste du bon-heur on jette peu les
yeux dans l’abysme de l’infortune. La prosperité
nous enchante & nous aueugle, ou du moins cét
objet nous semble si beau & si charmant, que difficilement
en destachons nous nos regards pour en
contempler qui soient laids. Quand mesme en


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