Questier, Mathurin, dit Fort-Lys [1649 [?]], SVITTE DV IOVRNAL POETIQVE DE LA GVERRE PARISIENNE. Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie. Par M. Q. dit FORT-LYS. SEPTIESME SEPMAINE. , françaisRéférence RIM : M0_1763. Cote locale : C_4_38_07.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 2 --

 


Tout pensif & songeard, ie me sus pourmener
Au Faux-bourgs sainct Marcel, d’où ie vis emmener
Deux furieux garçons, d’vne grosseur extresme ;
Mais de leurs visages la couleur estoit blesme.
Ma curiosité s’enquesta fur le champ
Qu’ils estoient. L’on me dit : L’vn est Ayde de Camp.
Et cét autre frisé, vn Sergent de Bataille
Celuy là, c’est la Fleur ; & cestuy cy la Taille ;
Ils viennent d’estre pris en ce dernier combat.
Ils estoient tout de sang, sans Chappeau, ny rabat ;
Lors ie dis, en riant ; Si dans la matinée
Ils eussent sçeu gagner vne telle iournée,
Ie croy qu’ils n’autoient pas auancez de si pres.

 


Mais escoutons les bruicts que l’on fit tost apres.
Ce fut de Lesigny en Brie, & du Chasteau,
Pris par nos ennemis, quoy qu’il fut fort & beau :
Mais des coups de Canon la longue batterie
Nous rauit ce lieu là. Ie dis sans flatterie
Qu’il y auoit dequoy contenter Mazarin,
Tant en meubles, qu’en or, argent, fer & airain,
Qu’il a fait emporter en toute diligence,
Sans y laisser aucun sujet de negligence.
Cependant à Paris on demande du pain
A bon & iuste prix ; mais helas ! c’est en vain.

 

 


Le pauure murmurant souhaitte que sa vie
D’vne prochaine mort se trouue tost suiuie,
De ne pouuoir l’ayder, le Riche se complaint :
Enfin chacun gemit, souspire, & se plaint ;
Tout le monde se met en deuote priere,
Pour chasser loin de nous ses trouppes meurtrieres ;

page précédent(e)

page suivant(e)