S. T. F. S. L. S. D. T. [1649], LE POLITIQVE BVRLESQVE DEDIÉ A AMARANTHE. Par S. T. F. S. L. S. D. T. , françaisRéférence RIM : M0_2810. Cote locale : C_8_31.
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Quitte moy ma douce memoire
Et ne m’oblige point à croire,
Qu’en ce temps si mal-heureux.
Ie puisse deuenir heureux
Ne me flatte point ma nature
De l’espoir de quelque auanture :
Car ie sçay bien qu’vn ignorant
Fait souuent plus qu’vn trop sçauant.
Fuys, fuys de moy, aymable idée,
Tousiours presente à ma pensée,
D’autres objets troublent mes sens
Qui ne me sont pas si plaisans.
Faut-il entretien agreable,
Que j’ayme plus que bonne table,
T’abandonner pour vn iamais
Si Dieu ne nous donne la paix ?
Quoy donc, ma charmante Maistresse,
Pourray-je bien dans ma tristesse,
Te representer vn tableau,
Qui n’a rien de bon ny de beau ?
Pourray-je bien icy d’escrire,
Ce qui nous empesche de rire :
Non, ma foy, ie ne puis rimer,
Voyant tant de monde pleurer.
Ie n’ay pas assez d’artifice,
Pour dépeindre icy la malice,
De nos Ministres inhumains
Qui contrefont les Souuerains.
Toutesfois ie ne sçaurois taire,
L’estat present de ma miscre,
N’en déplaise au CARDINAL,
Pourquoy nous fait-il tant de mal ?
Pardonne-moy chere Amaranthe,
Mon ame n’estant pas contente,
Agrée ce petit present
Sans penser que ie suis Amant.

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