Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.
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I’ay fait voir à ses pieds, tout vn peuple rebelle,
Qui depuis si long-temps, par vn lasche attentat,
Paroissoit estranger, au milieu de l’Estat.
Par les mesmes conseils, & dans la mesme guerre,
I’ay chassé de nos bords les armes d’Angleterre,
Repoussé leur puissance, & leur ambition,
Iusqu’aux flots reculez de la Grande Albion,
Et fait voir à ce Peuple, apres son entreprise.
Que la Seine auiourd’huy ne craint point la Tamise.
De là, suiuant le cours de mes heureux destins,
Par de nouueaux labeurs i’ay veu d’autres mutins :
Dez qu’on a veu briller mes armes fortunées,
Les Alpes ont tremble, comme les Pyrenées,
Et ces affreux rochers, qui s’esleuent aux Cieux,
Me furent vn theatre, & grand & glorieux ;
Car du haut Pas de Suze, où ie porte la guerre,
Ma gloire s’estendit iusqu’au bout de la terre.
Casal trois fois sauué, par mon prudent conseil,
Esleua mon renom plus haut que le Soleil :
Et comme i’eus tousiours la vertu pour compagne,
La vertu triompha de l’orgueil de l’Espagne.
Pignerol par mes soings, & par mes grands exploits,
Ouure encor l’Italie aux armes des François :
Et ne m’arrestant point dans ceste illustre voye,
Des rochers de Piedmont, aux rochers de Sauoye,
Ie fais passer vn Prince aussi Grand que cheri,

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