Anonyme [1649], AGREABLE ET VERITABLE RECIT DE CE QVI S’EST PASSÉ, DEVANT ET DEPVIS L’ENLEVEMENT DV ROY, HORS LA VILLE DE PARIS, par le Conseil de Iule Mazarin. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_55. Cote locale : C_8_43.
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En effaçant par fa pasleur
Ce qui luy restoit de couleur.
On dit que la douleur pressante,
De cette affliction presente,
D’vn Prince troubla le repos ;
Qu’il repeta ces derniers mots,
Et qu’il ne peut dans la cholere,
Qu’il n’enuoyast Mazarin faire :
Mais Paris se maintient tousiours,
Sans emprunter d’autre secours,
Que ce qu’il a dans ses murailles,
D’hommes pour dresser ses batailles,
Et quoy qu’on veille l’assieger,
Il a tousiours dequoy gruger,
On a beau tenir quelques postes,
Il vient plus de pain dans des hottes,
Qu’il n’en venoit par l’appareil,
De ce grand batteau de Corbeil,
Et si quand il n’en viendroit mie,
Nous aurions tousiours de la mie,
Car nous auons dans nos greniers,
Dequoy passer dés ans entiers,
Dequoy Mazarin se despesse,
Car quoy que le pain de Gonesse,
Ne passant plus par sainct Denys,
Ne vienne plus guere à Paris,
De cela peu l’on se soucies,
On n’en feroit que des roties
Qu’il vienne, ou qu’il ne vienne pas,
Pour cela nous n’en mourrons pas,
Car Dieu prend en main nostre cause.
L’homme raisonne & Dieu dispose,
Et Dieu r’enuerse en vn moment,
De l’homme le raisonnement.

 

FIN.



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