Anonyme [1649], AGREABLE ET VERITABLE RECIT DE CE QVI S’EST PASSÉ, DEVANT ET DEPVIS L’ENLEVEMENT DV ROY, HORS LA VILLE DE PARIS, par le Conseil de Iule Mazarin. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_55. Cote locale : C_8_43.
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Deslors on ne vit que misere,
S’espandre dessus nostre terre,
Deslors nous auons veu regner,
De nostre temps l’aage de fer,
Car portant l’or en Italie,
Des metaux il laisse la lye :
Rauissant de nostre pays,
Le vif esclat de nos Louys.
Mais raconte moy chere Muse,
La naissance de cette buze,
Raconte à sa confusion,
Ses parents, son extraction,
Si son Pere fut assez riche,
Pour laisser vn morceau de miche,
S’il estoit pasteur de trouppeaux,
S’il ne vendoit point de Naueaux,
Des Concombres ou des Citroüilles,
S’il estoit pecheur de Grenoüilles,
S’il n’estoit point bon Iardinier,
S’il sçauoit enter vn prunier,
S’il n’estoit point batteur en grange,
S’il portoit la hotte en vendenge,
S’il estoit conducteur de porcs,
S’il n’estoit point vendeurs de coqs,
S’il conduisoit au champs les vaches,
Où racommodeur de gamaches,
S’il estoit enleueur de fiens,
S’il n’estoit point chastreur de Chiens,
S’il mettoit pieces aux marmittes,
Aux vieux poillons & lechefrittes,
Et s’il mettoit pour dire tout,
Parfois la piece aupres du trou.
Enfin dy de quelque maniere,
Il emplissoit sa gibbeciere.
Vrayement on ne sçay que trop bien,
Qu’il est natif Sicilien,
Mais on ne sçay de qu’elle face,
On doit enuisager sa race,
Parce que fort differemment,
On marque son commencement,
Pour bien parler de cette affaire,
Il faudroit consulter sa Mere,

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