Anonyme [1652], LE VERITABLE ENTRETIEN DE LA REYNE D’ANGLETERRE AVEC LE ROY ET LA REYNE à S. Germain en Laye, en presence de plusieurs Seigneurs de la Cour, & autres personnes de consideration. Ensemble les Particularitez de ce qui s’est passé de plus remarquable dans leurs Resolutions. Touchant les Affaires pressantes pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_3932. Cote locale : B_19_3.
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voyant, se retira dans son cabinet, & ne luy peurent
parler ce iour là. Or ie vous veux bien faire sçauoir
ceux qui accompagnerent la Reyne d’Angleterre ;
Ce furent ;

 

Le Roy d’Angleterre son fils, qui fit aussi vne Harangue
qui est remarquable, au suiet de la submertion
des Empires & des Royaumes, que ie vous feray voir.

Monsieur le Mareschal de Schomberg qui presenta
leurs Maiestez Britanniques à leurs Maiestez Françoises,
& donna suiet de la Harangue de la Reyne d’Angleterre.

Monsieur le Duc d’Vzez qui ne faisoit que paroistre,
ne parla point.

Monsieur le Comte de Tonnerre qui fut si hardy
de dire à la Reyne qu’il falloit bander la playe, & estancher
le sang des seruiteurs du Roy, & des bons François.

Monsieur de Liancourt ne fit que des Paix là, Paix là ;
car on faisoit grand bruit.

Monsieur le Marquis de Mortemarte, dit que la
Reyne d’Angleterre auoit bien ordonné ses Conseils,
& que malheureux seroient ceux qui ne les suiuroient
pas : Qu’vn Peuple aimoit mieux viure sous les Loix de
la Paix, que de la Guerre, & que ce que les Princes faisoient,
n’estoit qne pour se faire aimer & cherir des
Peuples ; & que si le Roy faisoit le semblable, il se trouueroit
en repos, & grandement heureux ; Ces paroles
le firent mal venir auprés de la Reyne.

Monsieur Tubeuf dit qu’il falloit soulager le peuple,
& luy donner le repos & la paix ; mais qu’il falloit
amoindrir l’authorité des princes : Cette parole
fut reiettée, & on luy fit commandement de se taire.

Monsieur de la Basiniere remonstra à la Reyne que
la force ne pouuoit pas dompter l’ardeur des parisiens,
qu’en ostant Mazarin de parmy eux, ils souffriroient



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