Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.
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de particulieres. Premierement pour faire valoir la
necessité de nostre protection aux Catalans, il les falloit
tousiours laisser à la proye du Roy d’Espagne.

 

Response. Mais, Monseigneur, si vous eussiez conserué
Lerida, les Catalans seroient contraints de parler
François, & n’auroient pas la liberté de se ranger du
costé de nos ennemis, si cette porte leur eust esté fermée.

le Cardinal.En cela vous dites vray. Mais ie voulois
conseruer la gloire de la prise de cette Ville, pour
mon frere à qui ie destinois la Vice Royauté.

Response. Sa gloire eust esté grande, apres que deux
Princes n’y ont pû reüssir.

le Cardinal. C’est pour ce suiet en partie, que i’ay fait
échoüer leurs entreprises.

Response. Pourquoy dites vous en partie, Monseigneur ?

le Cardinal. C’est que mon interest propre m’a encore
obligé à cela.

Response. Ce n’est pas l’interest d’égalité, Monseigneur.

le Cardinal. Non, c’est plustost l’inegalité. Il estoit
bien iuste, puis que i’ostois les Couronnes aux Princes,
& les conseruois à d’autres, que ie deuinsse leur égal, &
que pendant que i’auois le temps de disposer des finances
& des armes de la France, ie les employasse à conquerir
quelque Souueraineté, où i’eusse pû connoistre
la France par les alliances que i’eusse fait auec elle. Ce
dessein formé ie iettay l’œil sur l’Italie, à cause des habitudes
que i’y ay, & que par argent, dont ie ne manquois
point, Dieu mercy, l’on peut tout en ce païs là.

Response. Mais vostre Eminence reüssit mal la premiere
année à Orbitello.

le Cardinal. C’est ce qui m’y fit opiniastrer l’année
suiuante, & ie ne fus pas marry que Lerida fut assiegé,
parce que la piece estant plus importante de beaucoup



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