Anonyme [1649], LES DIVINS ARTICLES DE LA PAIX GENERALE. , français, latinRéférence RIM : M0_1165. Cote locale : A_3_20.
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a donné, ie vous en coniure par l’amour qu’elle vous a tousiours
porté, la vie mes freres, la vie pour l’amour de Dieu à vostre tres chere Mere l’Eglise Catholique.

 

ARTICLE III.

Scrutemur vias nostras, & quæramus, & reuertamus ad Dominum.

Pleure terre des Chrestiens, & vous tous qui l’aymez arrousez
là de vos larmes, repassant pardeuant vos yeux les
malheurs qui la menacent. Ils sont tousiours deuant les miens,
& tellement imprimez dedans mon esprit qu’ils ne se sçauroient
escarter de ma memoire. Elle me les represente sans
cesse, & elle prend sujet de tout pour m’en renouueler les sentimens.
Mais de toutes choses il n’y en a aucune qui me touche
plus & qui me fasse dauantage apprehender que la ruine
totale de la terre Saincte.

La belle & glorieuse nation que c’estoit au temps de sa prosperité ;
mais plus elle parut heureuse en seruant Dieu, plus elle
est deuenuë malheureuse par le mespris qu’elle a souuent
fait de son culte. De maistresse qu’elle estoit de toutes les autres
Nations, elle est deuenuë l’esclaue des plus Barbares, de
Reyne qu’elle en estoit, elle est deuenuë leur tributaire : De
bien-aimée de Dieu l’objet de son courroux : De la gloire des
Royaumes, l’opprobre des nations : Et des delices du monde,
le rebut de l’Vniuers. Ses Prouinces ont esté rauagées, ses
villes saccagées, ses maisons brulées, ses forteresses abbatuës,
ses richesses pillées, & ses habitans reduits à l’extremité. Celle
qui estoit Mere des Prophetes, est deuenuë nourrice des
Barbares ; Et au lieu de ses legitimes enfans, elle ne voit plus
à sa table que leurs meurtriers. Ils ont deshonoré ses filles, ils
ont violé ses Vierges, tué la fleur de fa ieunesse, dessait ses
Soldats & Capitaines, outragé ses Prestres, massacré la pluspart
des grands & des petits, & emmené le reste en captiuité.

Qui n’eust pleuré de voir ce pauure peuple qui auoit esté
tant chery de Dieu ainsi conduit en seruitude. Qui ne I’eust
plaint le voyant gemir sous la pesanteur des chaisnes & des
fers ! ô peché ! ô rebellion ! Que tu desplais à Dieu, puis que
tu luy as ainsi fait abandonner son peuple. Ses ennemis ne faisoient
cependant que se rire de luy. Ils se mocquoient à l’enuy
de ses desastres, ils luy insultoient en son malheur, & faisoient



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