Anonyme [1649], LES DOVCEVRS DE LA PAIX, ET LES HORREVRS DE LA GVERRE. , françaisRéférence RIM : M0_1173. Cote locale : A_3_22.
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que Dauid aima mieux tomber en la main de Dieu, qu’en
celle des hommes ; & estre accablé des fleaux ineuitables du
ciel sans resistance, que d’auoir à craindre ceux de la terre
en resistant. Il iugea sagement ce Royal Prophete, quant il
prefera les coups du Tout-puissant à ceux là de ses ennemis,
& qu’il eut en plus grande horreur les suites d’vne guerre
de six mois de la part dés hommes, que tout autre chastiment
qu’eust merité le crime qu’il auoit commis.

 

Car les hommes de fait ne sont plus hommes, & semblent
perdre l’humanité dans la guerre. Nous l’auons veu tout autour
de Paris depuis nos funestes desordres, ce peu de temps
a destruit & mis au neant l’ouurage de plusieurs années.
Toute la campagne est vn funeste theatre, ou la rage de Mars
s’est baignée dans le sang, s’est échauffée dans les flammes
qui ont tout bruslé, & s’est ioüée des larmes, & des soupirs
de ceux qu’elle a persecutés.

Ie ne dis rien de ce que nous auons souffert dans cette ville,
nous estions pour en endurer bien dauantage, si nous
eussions voulu nous abandonner à la mercy de ce genie destructeur
que nous auons sagement éuité. Et sans mentir
Dieu a vne bonté bien particuliere pour cette monarchie, de
l’auoir retirée si heureusement du precipice ou elle s’alloit
petter. Autresfois pour donner frayeur à son peuple, il ne
le menaçoit point de fleaux plus redoutables, que de ceux
desquels il nous a guaranty. Tomber entre les mains de
leurs ennemis, & sous leurs espées estoit la crainte, par laquelle
il inuitoit ordinairement leur obeyssance. Et quand
il les mit en déroute deuant ceux de Hay, qu’il les liura en
seruitude sous la tyrannie de Sabin Roy de Hatsor, qu’il
abandonna leurs terres au pillage des Madianites, & qu’il
les exposa à la fureur des Ammonites & des Philistins,
c’estoit des coups de sa cholere que par leurs crimes ils auoient
irritée, & que par sa iustice il leur faisoit ressentir.
Coups si sensibles & si penetrans que leur malice en estoit
ordinairement surmontée, & que la dureté de leurs cœurs
s’en trouuoit tousiours ramolie.

Aussi sont-ils si estranges & si pesans, qu’vne ame est bien



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