Anonyme [1649], LES MAXIMES CHRESTIENNES, ou LES VERITABLES MOYENS POVR maintenir & conseruer LA PAIX. Non est pax impiis dicit Dominus. I. , français, latinRéférence RIM : M0_2424. Cote locale : A_6_14.
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Faisons le semblable : soyons tousiours en guerre auec nous-mesmes,
& nous iouyrons d’vne parfaite tranquillité d’esprit.
Tranquillité, que ny les ennemis de l’Estat, ny l’ambition
des princes, ny l’aueuglement des Peuples, ny la passion
des mauuais Ministres ne pourront iamais troubler.

 

Troisiesme Maxime.

Pour bien conseruer la Paix, ce n’est pas assez que nous
soyons en guerre auec nous-mesmes : il est necessaire encor
que nous contradictions vne solide amitié auec nostre prochain,
& particulierement auec les pauures ; or, comme l’amitié
consiste à faire du bien à la chose aimée : n’est-il pas resonnable,
& n’est ce pas l’vnique moyen pour entretenir vne
paix de longue durée, que de soulager les membres de Iesus-Christ,
& d’assister les pauures en leurs necessitez. C’est vne
action genereuse, loüable, excellente & chrestienne ; mais,
c’est aussi vn traict d’vne Politique, & moralle, & prudente ;
& dans les villes les mieux reglées, où les Habitans recherchent
la Paix, comme le seul tresor qui les peut enrichir, &
l’vnique rampart qui les peut deffendre ; on ne permet pas
qu’il y ait des pauures, ou s’il y en a, on ordonne qu’ils soient
soulagez par l’assistance des bourses communes. Les Magistrats
iugeans bien que la necessité conçoit toûjours de funestes
desseins, qu’elle estouffe les belles qualitez de l’esprit,
qu’elle est marastre des plus nobles actions, qu’elle ne medite
ordinairement que des desespoirs, des vengeances, des
enuies, des rebellions, des sousleuemens, & que s’il y a des
riches mécognoissans, il y a aussi des pauures blasphemateurs :
pour obuier donc à ces malheurs selon les regles & la
conduite de la sagesse humaine, il est à propos d’assister les
pauures, les mettres hors de la mendicité. Mais pour parler
en veritable politique chrestien, il est absolument necessaire
que nous donnions l’aumosne aux pauures, parce que la charité
estant la plus excellente, comme la plus considerable de
toutes les Vertus, & Moralles & Theologalles, elle nous



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