Anonyme [1652], LES PARADOXES DE L’ESLOIGNEMENT DE MAZARIN : Pour sçauoir, I. S’il se tiendra tousiours loin de la Cour, ou si son retour se fera dans peu de iours comme on le croit. II. Si nous deuons nous réjoüir ou nous affliger de son depart. III. Si son esloignement nous produira la paix ou la guerre. IV. Et si nous trouuerons la fin de nos maux en ce bien tant souhaité. AVEC VN CVRIEVX EXAMEN de la conduite & des intentions de Messieurs les Princes, & du Coadjuteur. , françaisRéférence RIM : M0_2678. Cote locale : C_12_37.
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Il s’est souuenu que Pallas, le fauori de cette
Princesse, bien qu’il eust vieilly dans la Cour,
dont il sçauoit toutes les ruses & les souplesses,
& qu’il eust fait vn merueilleux amas de tresors,
pour s’en faire vn rempart contre les perils de
mort violente, fut enueloppé dans le débris de sa
cheute, & trouua sa precautiõ inutile, parce qu’il
n’auoit pas sceu faire vne retraite à temps, ny se
dérober au danger qui le menaçoit depuis beaucoup
d’années, par l’enuie dõt ses concussions intolerables
le tenoiẽt chargé. Il a pensé de mesme,
voyant sa reputation prostituée à toutes sortes
d’indignitez, que c’estoit vne preuue indubitable
de son mal-heur ou de sa mauuaise conduite :
que l’vn & l’autre estoit de mauuais augure, &
tendoit à le pousser dans le precipice. Mais ce
qui la deu plus toucher que tout, est de voir qu’il
rendoit mal le change à leurs Majestez des faueurs
qu’il en a receuës & qu’il en reçoit chaque
iour, ruinant le Royaume de l’vn, & ternissant
la reputation de l’autre ; & cette derniere consideration
a pû gagner sur son esprit, ce que n’ont
pû iusqu’icy nos armes, nos prieres, nos menasses,
nos remonstrances, & tout le vain appareil
de nostre haine & de nostre ressentiment. Il s’est
souuenu que les monceaux de corps, dont il a
sait voir beaucoup de nos plaines couuertes, &
les ruisseaux de sang qu’il a fait couler entre leurs



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