Anonyme [1649], LES SANGLOTS PITOYABLES de l’affligée Reyne D’ANGLETERRE. DV TREPAS DE SON MARY. , françaisRéférence RIM : M0_3585. Cote locale : A_7_19.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 2 --

Les Regrets de la Reyne d’Angleterre sur la
mort de son mary, auec ses dernieres
paroles.

LES Poëtes parlans de la mort la rendent
tres formidables, & que de toutes
les choses, elle est la plus terrible, qui
rauit la vie par l’extinction de la chaleur
vitale, elle est cruelle veu qu’elle
oste l’estre naturel, & met dans le non estre, Les
Peintres ne la décrient pas moins par la laideur &
difformité qu’ils peignent sur son visage, auec des
traits si difformes qu’il semble que l’art n’a pû rien
adiouster pour la rendre odieuse, neantmoins elle
fait acte de Iustice, donnant à la terre le corps qui a
esté tiré de son sein, à condition toutesfois de le
rendre au iour des assises dernieres & iugement vniuersel,
elle restituë au Ciel l’ame qui a esté creé, pour
y faire son sejour, y contempler Dieu, & iouyr de
ses eternelles felicitez, ou bien pour estre deleguée
dans l’Enfer pour punition de ses fautes ayant prouoqué
la Iustice. Donc la mort est iuste, & on ne
peut aller à la vie que par elle, il n’y a que le peché
qui la rend redoutable, & partant ny a que les meschans
qui l’enuisage, & comme vn obiet de leur
hayne, veu le precipice qu’elle leur promet, mais au
contraire les bons la considerent comme vne veritable



page précédent(e)

page suivant(e)