Anonyme [1649], MESSAGER DV CARDINAL DE RICHELIEV, ENVOYE DES CHAMPS ELISEES A IVLLE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2460. Cote locale : C_6_16.
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contre moy parmy les iustes reproches que l’on
vous fait de vostre vie Ce sont des traits qui lancez
de loin contre moy, passent de vostre demeure
iusques en ces Champs Elisées, où ie suis parmy
vne troupe de sçauans Politiques, de Philosophes,
de Poëtes, & d’Orateurs. Depuis que vostre façon
d’agir est decriée, & que l’on a declamé hautement
contre vos pretentions iniustes, qui ont esté
condamnées par les Arrests des plus celebres Parlemens
de l’Vniuers, ie n’aproche qu’en tremblant
ces braues esprits, chez qui auparauant i’estois
en quelque sorte d’estime. On dit que c’est
moy qui vous ay ouuert la porte de la France, &
qui vous a introduit dans les plus hauts emplois,
& les plus importans pour le maintien d’vne Couronne.
De sorte que l’on me charge de toutes les
fautes dont on vous accuse, & ie suis obligé de
rougir par tout où ie me trouue. Ie demeure muet
à tous les reproches que l’on me fait sur ce suiet,
& quelques vns ont creu qu’il estoit à propos pour
me iustifier que ie vous enuoyasse quelques aduis
pour vous garentir des maux dont on blasme vostre
conduite. Souuenez vous donc que vous tenez
vn rang dans l’Eglise qui vous oblige à la douceur,
& qu’il n’en est pas des peuples comme des
bestes farouches, qu’il faut mettre à la chaisne
pour se garantir de leurs morsures. Il faut considerer
les mœurs des peuples en ces matieres, & se


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