Anonyme [1652 [?]], PENSEES CHRESTIENNES SVR LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_2742. Cote locale : B_16_18.
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Celuy qui desbroüilla cette masse confuse,
Qui crea la lumiere & fist les Elemens,
Doit estre desormais l’entretien de ma Muse,
Qui profane autrefois eust d’autres sentimens.

 

 


Ces fausses Deïtez, qu’au Parnasse on respecte,
N’ont plus d’Autels pour moy, qui ne soient abatus ;
Ie hay la complaisance & la tiens pour suspecte,
Qui fait des Dieux du vice, & non pas des vertus,

 

 


Vne plus sainte ardeur à present me possede,
Ce Dieu que i’irritois m’a voulu visiter,
Et m’ayant fait sentir d’où son ire procede,
Ie me jette à ses pieds, pour ne le plus quitter.

 

 


Grand Dieu, si mes pechez ta colere ont émeüe,
Si quelque autre pecheur t’a fâché comme moy,
Nous ne sçaurions iamais nous cacher de ta veüe,
Le plus iuste de nous est pecheur deuant toy.

 

 


Estans nais pour le Ciel nous adorons la terre,
Elle enchante nos sens, & nous charme les yeux,
Et si nous recherchons la cause de la guerre,
C’est que nous auons pris la terre pour les Cieux.

 

 


D’attirer ton courroux nous sommes tous capables,
Si nous souffrons des maux nous les auons cherchez ;
Mais quoy que nous soyons de ton ire coupables,
Ta clemence tousiours surpasse nos pechez.

 



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