Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.
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Le Parlement ayant connu
Point de mal à son fait
Aussi-tost il s’est resolu
Qu’il faloit en effet
Que le Cardinal Mazarin,
Contre luy eut quelque mauuais dedain.

 

 


Il le fit sorty de prison
Comme estant innocent
Et luy d’vne bonne action,
Vint salüer humblement
Le Parlement dedans Paris,
Durant que le siege y estoit donc
mis.

 

 


Lors Charanton estant à nous
Ces Messieurs luy ont dit
Nous desiront que ce soit vous
Qui nous serue d’appuy
Et mesmement de Gouuerneur
Car nous sçauons qu’avez vn tres-grand
cœur.

 

 


Et cét honneste homme emmena
Les Regiments leuez
Et dans le Bourg il ordonna,
Comme ils furent arriuez
Les postes qui deuoient tenir
Afin de voir les ennemis venir.

 

 


Il fut enuiron quinze iours,
Sans qui l’aperceut rien
Mais vne nuict tout à l’entour
Le Prince estoit soudain,
Et le matin estant venu
Clanleu & ses gens les ont reconnus.

 

 


Le Prince aduança le premier
Et ce grand Chastillon,
Mais voicy douze Fuziliers,
Qui tiroient tout de bon
Sur eux & aussi sur leurs gens
Dont ce Seigneur fut mis au monument.

 

 


De Condé voyant ce mal-heur
S’en-vint sort rudement
De tous costez donnant terreur,
A tous les Habitans
Car l’vn s’enfuyoit dessus l’eau
Et les autres dans des petits bateaux.

 

 


Clanleu estant dessus le pont
Il se vid entourer
De plusieurs coquins & poltronds
Qui vouloient l’attraper
Mais luy à coups de pistolets
Tua six Mazarins & six Polonois.

 

 


Vn Sergent traistre & peruers
Luy donna dans les rains
Vn coup qui le mit à l’enuers
Et tomba pour certain
Lors il s’écria ô mon Dieu,
Pardon ie vous demande dans ce lieu.

 

 


A Iesus-Christ recommanda,
Son ame & son esprit
Priant la Vierge à son trespas
Auec vn cœur contrit
De luy vouloir faire ce don
De ses pechez auoir remission.

 

Les Regrets de Madame de Chatillon,
sur la mort de son cher Espoux :
sur le chant, Que de tristesse
& de deuïl, &c.

 


O ! Quelle grande pitié,
Ie reçois dedans mon ame.
De voir ma chere moitié,
Reduit sous la froide lame.

 

 


C’est ce grand de Chatillon,
Qui a tant fait de vaillance,
En plusieurs occasions
Seruant bien le Roy de France.

 

 


Il estoit le grand mignon,
De Condé chose asseurée
Mais pour luy à Charanton,
Fut tüé dans la meslée.

 

 


Faloit-il qu’il entreprit,
Vne Guerre illegitime,
Contre ces meilleurs amis,
Qui en ont tant fait destime.

 

 


Qu’est la cause de sa mort
C’est ce mal-heureux infame :
Qui a fait par-tout grand tort,
Dont tout le monde le blasme.

 



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