Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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enfermoit le goust de toutes les viandes ; Et ce Diuin Sacrement,
le Soleil, & la Palme de tous les autres nous porte
dans le sein par sa presence, toutes les vertus, toutes les
suauitez, & toutes les douceurs du monde. Voire-mesme
par vne liberalité & vn amour qui n’aura iamais d’égal ; il
y donne Dieu, l’ame, le corps, la diuinité, fontaine de
tous les biens, pour nous rendre par ce bienfait l’Arche du
Pere, le temple du Fils, le sanctuaire du S. Esprit, le Palais
du ternaire de la sur-adorable Trinité, pour faire de nostre
empirée, vn Ciel plus riche que le firmament, vn throsne
des personnes Diuines, plus rare que celuy du pacifique
où elles reposent non seulement par amour & par grace,
mais encor par presence, & par verité, & qu’est-ce autre
chose d’en approcher indignement, sinon mespriser
la grandeur de tous ses biens, violer ses misericordes, &
nous rendre coupables de la plus horrible de toutes les mecognoissances,
si l’ingratitude s’accroist & s’esleue par la
multitude des bienfaits, par l’amour de celuy qui les donne,
& l’excellence de la chose donnée : Iugeons par toutes
ces raisons de celle que commet vn pecheur, qui approche
de cét Autel auec indignité, car sans doute il mesprise
ce don en qui sont tous les dons, il fait iniure à Dieu
son donateur, il reiette son amour, & refuse ses faueurs, &
liberalitez. Iesus-Christ nous aymant nous donne tout ce
bas monde auec son Royaume, & comme si cela n’estoit
rien, il se donne luy mesme à nostre nature dans le mystere
de l’Incarnation : en naissant il se fait nostre compagnon,
mangeant auec nous il se donne en viande & nourriture ;
mourant il se donne comme prix, & regnant comme
nostre couronne & nostre recompense : Que peut faire
dauantage son amour ; Attendamus nobis ipsis dilectissims
talibus fruentes bonis : Mes bien aymez, dit S. Chrysostome,
regardez ie vous prie les faueurs, & les liberalitez que
nous receuons de Dieu en ce mystere adorable : Beatus qui
manducabit panem in regno Dei, Bien-heureux celuy qui mãgera
ce pain dans l’eternité de la gloire, où il se donne pour
recompense, Se regnans dat in prœmium : Heureux qui le


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