Anonyme [1648], SOMMAIRE DES ARTICLES DE LA PAIX GENERALE entre l’Empire & la France. , françaisRéférence RIM : M0_3685. Cote locale : D_1_8.
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SOMMAIRE DES ARTICLES DE LA PAIX
Generale entre l’Empire & la France.

LES préfaces ne seruans qu’à préparer les esprits, & tout
le monde estant aslez disposé a la paix, elle semble n’en
auoir point de besoin. Aussi, quel frontispice pourroit
on dresser digne de cet auguste Temple, au bastiment duquel
tant d’excellens Architectes travaillent depuis vn
si long temps, sur qui tout le monde jette les yeux, esleué
a si grands frais, & cimenté du sang de tant de milliers
d’hommes ?

Car c’est en l’honneur & cõme pour solemnizer cette
grande feste que nous auons aujourd’huy, que tant de braues Chefs, Officiers
& soldats de l’vn & de l’autre parti ont si liberalement fait sacrifice de leurs vies :
Et si la prise d’vne place ou le gain d’vne bataille nous donne, auec grãde raison,
sujet de remercier Dieu : qu’elles actions de graces ne lui deuons nous point,
pour auoir obtenu la fin à laquelle toutes ces victoires sons subornées & ne se
désirent que pour elle, qui les surpasse d’autant comme le port le vent fauorable,
cetui-ci n’estant souhaité que pour arriuer à celui-là ?

Mais ie crains qu’il ne nous avienne ici le mesme qu’à toutes les belles narrations
vrayes ou feintes, qui fournissent bien plus de matiére & plus agréable
à leurs Autheurs & à ceux qui les lisent, dans les diuerses intrigues des passions
qu’elles expriment aussi plus aisémẽt, comme vn Peintre les vagues d’vne mer
orageuse, que la douceur du repos & la tranquilité de la mesme mer quand ses
bourasques sont appaisées.

Ainsi, tandis que nous contestions non moins auec la plume dans le cabinet,
que l’espée à la main dans la campagne, à qui auroit la raison & l’auantage de
son costé, il y auoit bien plus a dire qu’à presẽt que la conclusion de cette Paix
nous donne gain de cause en l’vn & en l’autre : n’y ayant plus de difficulté que
nos Plenipotentiaires n’eussent raison lors qu’ils se tenoient fermes en leurs demandes,
puis qu’elles ont este en fin trouuées justes, & comme telles accordèes
par ceux du parti contraire.

Or, comme vous auez esté imformez de ce qui s’est passé tant aux préliminaires
qu’au progrez & acheminement de cette Paix : il vous reste à sçauoir ce
qu’elle contient en substance, puis que l’impatience de plusieurs ne sçauroit attendre
l’impression d’vn volume entier, de la grosseur duquel approcheroit le
traité en forme, passé entre tant de parties que sont tous les Princes & toutes
les bonnes maisons d’Alemagne, voire de l’Europe, la pluspart desquelles y ont
des interests divers.



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