Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : A_1_47.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 8 --

estoit plus ou moins nuisible ou odieuse ; Et les exemples de
cette qualité sont en tel nombre & si notoires, qu’il seroit superflu
de les déduire.

 

Seulement vous supplierons-nous d’obseruer, SIRE, quo
comme vostre Parlement est le plus fort rempart pour defendre
vostre Authorité, & le plus redoutable Aduersaire de
ceux qui la veulent vsurper ; d’ailleurs qu’il est incapable de
reconnoistre vn autre Maistre que son Roy legitime : Et quand
il s’est trouué des conseils assez pernicieux, pour entreprendre
de changer l’ordre de la succession à la Couronne, ce Parlement
s’y est opposé auec tant de vigueur, qu’il a plûtost souffert
qu’on le declarast criminel de leze-Majesté, que de relascher
quelque chose de sa resistance, comme il est encore prest
de le souffrir pour vn mesme sujet. Le Cardinal Mazarin n’a
rien obmis d’artifices & de violences pour abattre cette grande
Compagnie.

Ses artifices n’ont pas esté des tentations pour la corrompre,
sçachant qu’il n’y eust pas reüssy : Mais les sinistres impressions
qu’il a données à vostre Majesté, MADAME,
d’vne Compagnie si exempte de soupçon, afin de vous induire
à commander de rudes executions contre les Particuliers,
& des traitemens iniurieux contre le Corps. Et en cela sa malice
& sa calomnie ont paru grandes, & ses artifices bien surprenans ;
puis qu’ils ont persuadé V. M. MADAME, contre
ses naturelles inclinations à bien faire & à sauuer les hommes,
de traiter si estrangemẽt le particulier & le general d’vne Compagnie,
qui vous a seruie auec tant de zele, & à qui vous auiez
donné tant de part en l’honneur de vostre bienveillance.

A peine le Cardinal Mazarin a-t’il esté dans les affaires, qu’il
a commencé par la proscription & l’emprisonnement d’vn
nombre de Senateurs, pour fraper vne partie du Corps, & imprimer
la terreur dans l’autre. Et certes l’emprisonnement du
President Batrillon conduit dans vne citadelle hors du Royaume,
mort peu de mois apres sa detention, laissant le soupçon
funeste d’vne cause violente de sa fin, qui a esté vne des plus
cruelles actions que nous ayons veües depuis que nous esprouuons
la tyrãnie des puissans Fauoris, estoit bien capable de faire



page précédent(e)

page suivant(e)