Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : A_7_63.
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toutes entieres, à cause de bien peu de iustes ; & ceux qui ne l’imiteront
pas, n’heriteront iamais de la vie bien heureuse. Où trouuerez
vous vne ame, quelque reprouuée qu’elle puisse estre, qu’elle ne
tremble pas, en priant sa diuine Majesté de luy pardonner ses pechez,
ainsi qu’elle les pardonne à ceux qui l’ont offensée ? Si son intention
n’estoit pas bien portée, en disant son Oraison Dominicale, à faire ce
qu’elle promet à cette adorable puissance, elle verroit comme vn autre
Baltasar Roy de Babylone, escrite sa condamnation sur tous les
obiets où elle tourneroit sa veuë, par la mesme main qui escriuoit la
sienne, pour auoir profané les Vaisseaux du Temple, en vn banquet
qu’il faisoit auec ses concubines. Aimer Dieu de tout son cœur & de
toute son ame, c’est faire le premier commandement de la Loy : mais
aimer son prochain comme soy mesme, c’est faire l’accomplissement
de la Loy toute entiere : & qui ne le fait pas, est hors de la grace, &
celuy qui est hors de la grace, est hors de salut sans remission quelconque.
Outre que, Monsieur le nouueau Politique auance bien là des
paroles qui n’ont iamais este seulement pensées de leurs Majestez, si
cela se peut dire, sans offenser sa Reuerence. Mais que diront les autres
Parlemens ? Que diront les gens de guerre que vous auez fait venir ?
Et que diront les Seigneurs que vous auez engagez à vostre party,
qui ne sçauroient faire de Paix s’ils ne l’a donnent ? Ils diront, s’ils
se mettent en la place de ces Illustres Senateurs, pour bien iuger de la
chose, qu’ils ont fait ce qu’ils doiuent faire, que l’interest public, nonobstant
toutes oppositions & appellations quelconques, est tousiours
preferable à l’interest de quelques particuliers. Et qu’vne Paix, quelque
malheureuse qu’elle puisse estre, vaut cent fois mieux que toutes
les meilleures guerres du monde. Ainsi la Paix s’est faite, sans que ces
Seigneurs nous l’ayent donnée, sans que Monsieur le Prouincial y
ait consenty, & sans qu’il luy en ait cousté la vie.

 

De grace, escoutons le reste ; il nous veut apprendre qu’il y a bien
à distinguer, entre la puissance d’vn Roy maieur, & celle de ses Ministres
dans sa minorité. C’est icy où ie puis dire sans faillir, qu’il se
debat contre son ombre, puis que personne du monde ne luy a pas encore
contesté vne proposition si vetitable : car où est celuy qui voudroit
soustenir le contraire ? N’est-ce pas aussi qu’il veut encore de
nouueau esclairer le Soleil, & donner des lumieres à celuy qui en dõne
à tout le reste ? Les Nations les plus denuées d’intelligence, sçauent
fort bien demesler ces matieres, & le plus ignorant d’entre eux,
n’a iamais pris le valet pour le maistre, quelque mauuaise impression



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