D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GAZETTIER DES-INTERRESSÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1466. Cote locale : A_3_72.
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incommodez, ou des Cheuaux ont des appartemens
superbes, & la posterité aura peine à croire qu’vne
curiosité cruelle ait basty des Escuries de ruine de
toutes nos villes.

 

Le soin qu’il a eu de ses domestiques de manege &
de voiture, ne luy a point fait perdre celuy de ses
Niepces, pour fortifier sa tyrannie, par lappuy des
plus puissantes maisons de France ; & c’est pour cette
raison qu’il a tourné ses yeux du costé de l’Arsenal,
du Chasteau Trompette, & de Richelieu, & qu’il
s’est proposé d’auoir pour Gendres des grands Maistres
d’Artillerie, des Colonels de l’infanterie Françoise,
& des Generaux des Galeres. Ces mariages qui
auoient esté conceus auec grand éclat, n’ont pas esté
pourtant enfantez auec grand succez, & le bruit n’en
a pas plus duré que la vie de ces animaux ; du Pont
dont vn mesme iour, à ce qu’on dit, voit la mort &
la naissance. Pour faciliter vn si haut dessein, il auoit
fait mettre des imposts sur toutes les marchandises ; il
auoit taxé pour leur mariage toutes les necessités de la
vie, & peu s’en est fallu qu’il n’ait en vn point resuscité
Vespasian qui auoit imposé des tributs sur les vrines.

On s’est mis souuent en peine de le porter à de
meilleurs sentimens, on luy a representé les miseres
& les cris du peuple, mais on la tousiouts trouué
sourd, comme on l’auoit trouué aueugle, & quoy
qu’on ayt peu faire pour le persuader & pour le conuaincre
par nos souspirs & par nos larmes, il a tousjours
esté comme cette Medée de l’ancienne Tragedie
qui voyoit le mal, & qui ne pouuoit se deffendre



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