D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GAZETTIER DES-INTERRESSÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1466. Cote locale : A_3_72.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

cherchoit, il fit auec le temps, vn grand nombre de
mal heureux & de duppes, & commença dés lors à
remplir les Hospitaux & les Monts de pieté de ses pechés
& de ses vsures. Il est vray que cecy ne succeda
pas tout d’vn coup, & qu’il faisoit quelquefois d’assez
grandes pertes pour vn homme à qui le moindre gain
deuoit estre considerable, mais il tiroit aussi quelquefois
des aduantages de ces pertes, pource que dans la
fureur du ieu, il se ioüoit enfin luy mesme, comme
ces peuples d’Allemagne, dont parle Tacite, & qu’il
deuenoit le confident Nocturne de ceux dont le hazard
l’auoit fait esclaue. C’est ainsi que son nom s’accrût
à Rome auec ses moyens, que ceux qui l’auoient
eu au lict, le voulurent auoir à table, & qu’ils l’assisterent
de leur faueur auec tant d’empressement, qu’il
fit tousiours depuis ou les delices ou l’esperance de
ceux qui n’estoient pas encore venus iusques à la derniere
bestialité. Il ne pouuoit oublier ce furieux amour
de luy mesme ny des autres, pource qu’il est
impossible de blanchir vn More, & d’effacer les diuerses
marques d’vn Leopard, pour me seruir des termes
de S. Gregoire de Nazianze, ou pour parler auec Hierocles
dans Aristophane, de faire marcher droit vn
Cancre. Apres cét apareil infame, il brigua l’amitié de
quelques personnes considerables ; il eut mesme quelques
emplois assez glorieux, & l’vn des successeurs de
saint Pierre ne voulut pas estre le dernier à la procurer
quelques auantages. Mais il ne menaga pas mieux ses
interests que ceux du Duc de Mantoüe, & de son Roy


page précédent(e)

page suivant(e)