D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GENIE DEMASQVÉ ET LE TEMPS PASSÉ ET L’ADVENIR DE MAZARIN. Par vn Gentil-homme Bourguygnon. , françaisRéférence RIM : M0_1493. Cote locale : C_5_31.
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Thibiens infectoient ceux qui auoient vne fois receu
leur haleine. Nous auons veu qu’il a chassé d’aupres
du Roy ceux qui auoient esté commis des long-temps
à la garde de sa personne sacrée, que leur retraitte
n’a gueres esté meilleure qu’vn exil, & qu’ils
n’ont esté mal heureux que pour auoir esté trop fideles.
Nous auons craint dés lors que le Cardinal
Mazarin qui taschoit d’esloigner d’aupres du Roy
tous les gens de bien, & tous les hommes de remarque,
& qui en approchoit des personnes tres suspectes,
n’eut des desseins tres pernicieux à l’Estat, qu’il
ne voulut faire vne Cour nouuelle, à force d’y introduire
des estrangers & des mercenaires ; qu’ils ne deuorassent
les peuples apres les auoir suçez, & qu’ils
n’en fussent les tygres, apres en auoir esté les sangsuës
Nos Plaintes n’eussent pas esté iusque au desespoir,
s’il n’eut pris de nos biens qu’en faisant chemin
comme on dit que le chien ne boit de l’eau du Nil
qu’en passant, & s’il se fut contenté de nous tondre
sans nous escorcher. Mais il a fallu que nos ressentimens
ayent esclatté auec nos malheurs, quand nous
auons veu qu’on ne pouuoit, ny le saouler, ny le remplir ;
& nous auons reconnu auec vn des Sages de
Grece, que celuy qui entreprendroit de guerir la cõuoitise
d’vn auare en le voulãt rassassier de richesses ;
feroit la mesme chose que le Medecin qui conduiroit
vn hydropique aux fontaines. La raison & l’experience
nous ont fait voir qu’en luy fournissant des
thresors, nous luy fournissions des armes qu’il employoit
à nous combattre, qu’il entretenoit nos ennemis


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