La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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Ie sçay que la vie des mauuais courtisans, est
vne Tragedie perpetuelle, où chacun ioüe son
personnage, où la malice passe pour galanterie,
la duplicité pour gentillesse, le mensonge pour
compliment, & la trahison pour vn trait de bon
esprit. Ie sçay que dans vne cour déreglée, chacun
tasche de supplanter son compagnon, & que
c’est la coustume des Nobles, de bastir leur fortune,
sur les ruines & les débris des mal-heureux :
Ie sçay que dans les Palais des Roys impies, le vice
regne comme par nature, & que la vertu ne s’y
rencontre que par miracle : Ie sçay que l’air de la
Cour est ordinairement infect, & qu’il est difficile
de s’y accoustumer, sans contracter quelque
maladie mortelle : la Religion seule est capable,
de remedier à ces desordres, & de faire fleurir la
Pieté dans les esprits de la Noblesse, quand aussi
elle en est bannie, il ne faut attendre qu’vne confusion
perpetuelle.

Si le monde sans le Soleil est vne maison
d’horreur & de tenebres ; si le Paradis sans la presence
de la Diuinité, n’est pas beaucoup different
de l’Enfer ; si les lieux sont Sacrés, par le Culte de la
Majesté Adorable de Dieu ; faut il trouuer estrange,
si ie dis, que la Cour des Roys de la terre, sans
la Saincteté de la Religion, sont des lieux de Prostitution,
où les vices regnent, & l’Impieté occupe
le Trône de l’Innocence ?

Estranges
maximes
des courtisans
du
monde.

Le déplorable Estat où s’est veu nostre Monarchie,



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