LETTRE DE POLICHINELLE,
à Iule Mazarin.
MESSIRE IVLE,
Ie sçay bien que ie vous escrits cette Lettre
mais ie ne sçay pas si vous la recevrez ; si le hazard
vous la porte, vous y verrez les sentiments d’vn
homme d’honneur & de courage, & si vous n’en
payerez point le port, s’il vous plaist, qu’en bons
Louys : car on ne reçoit plus icy de Iules à present, à
cause qu’ils sont décriez depuis vostre depart. Pour
vous tesmoigner donc comme ie suis honneste
homme, c’est que ie plains vostre infortune presente,
aprés auoir admiré vostre genereuse fortune,
& pour vous dire la verité, en despit de tous vos
Courtisans, vostre mal-heur prouient de ce que
vous auez monstré tout d’vn coup ce que vous
sçauiez faire, & vous auez fait voir d’abord que
vous sçauiez tres-bien voler : c’est pourquoy l’on