Anonyme [1652], LA COMPARAISON DES COMPARAISONS AVX MAZARINS. BVRLESQVE FAIT à Descain. , français, latinRéférence RIM : M0_723. Cote locale : B_12_65.
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à laquelle lors que nous sommes trop exposez, elle nous
rend le cœur si chaud & si vain, que toutes les autres parties
du corps en sont affoiblies, & si l’on ne rencontroit bien-tost
quelque rafraischissement, infailliblement que nous en serions
estouffez. L’Or & l’Argent nous eschauffent dans la
violente poursuitte que nous en faisons, tant plus vn auaricieux
en possede, tant plus il en voudroit acquerir, de sorte
que le mouuement de son cœur, & la continuelle agitation
de ses pensées, luy causent vn feu dans son ame, qui l’eschauffe
de plus en plus, lequel s’il n’est refroidy par quelque relasche,
sans doute qu’il le perd, & le contrainct de se separer
d’auec sa matiere, qui l’empesche de receuoir le rafraischissement
necessaire. Les Grands de mesme peuuent estre comparez
à la chaleur du Soleil, il est dangereux de s’en approcher
de trop prez, car si vous leur plaisez aujourd’huy, il ne
faut qu’vne action ou qu’vne parole prononcée vn peu trop
legerement & par innocence, qui ne leur sera pas agreable,
& les voilà changez tout en vn moment ; d’agreables que
vous leur estiez, vous leur deuiendrez odieux, de sorte, que
rien ne pourra les reconcilier auec vous ; il vous faudra retirer
d’aupres leurs personnes, & ce sera vne tres insigne faueur
qu’ils vous feront, s’ils vous assignent quelque lieu pour vous
retirer, car bien souuent ils arriuent dans vn tel excez de colere,
qu’ils ne se trouuent point contens à moins que de vous
condamner à la mort, & à la mort qu’ils vous feront donner
mesme par la main d’vn Bourreau. Ils ne font pas comme ce
bon Pere de nostre Fable, qui s’efforçoit d’enseigner à son
fils le chemin qu’il deuoit tenir par toutes les sortes de persuasions
qui luy estoient possible, car ils n’ont pas pour vous
cét amour de Pere que Dedale auoit pour Icare ; Ordinairement
leur interest particulier qui les a portez à vostre auantage,
les porte aussi à vous donner le dernier coup de la mort,
selon que vous estes l’objet de leur haine & de leur vangeance,
ou pour mieux dire, sinon que vous leur pouuez profiter
ou nuire. Dauantage, il se rencontre tant de flatteurs aux
costez des Grands, que les Cieux ne sont pas plus fournis
d’Estoilles, qu’ils sont entourrez de ces sortes de personnes,
qui ne font qu’espier les occasions de faire leur profit de la


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