Sarasin, Jean-François [?] [1649], LA POMPE FVNEBRE DE VOITVRE. AVEC LA CLEF. , français, latin, espagnol, italienRéférence RIM : Mx. Cote locale : A_6_79.
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D’illustres marques de bruslure,
Comme autrefois on remarque
La femme du grand Seneca,
Portant sur son visage pasle
Des marques d’amour coniugale.
Le Hibou l’vnique soulas,
Et les delices de Pallas,
Qui deuant que le bon Voiture
Eust suby la loy de nature,
Ne recherchoit que l’entretien
Du gentil peuple Athenien :
Maintenant, dont chacun s’estonne.
Ne voulant frequenter personne,
Melancholique, songe-creux,
D’vn esprit fantasque & hideux,
Soubs des toicts remplis d’araignées,
Ou dans des forests esloginees.
Il fuit la lumiere du iour,
Et lors que la nuit à son tour,
Couure l’Vniuers de tenebres :
Il pousse mille cris funebres,
Songeant seulement à gémir
Sans se coucher & sans dormir :
D’ailleurs la discrette Tortue
Pleine de l’ennuy qui la tue,
De voir dans la tombe enfermé
Le mortel qu’elle a tant aymé
Pour cacher sa douleur secrette,
De crainte que l’on n’en caquette,
Choisit sa petite maison,
Comme vne eternelle prison,
Et la seule veufue & depite,
Ne recoit aucune visite,
De la vient qu’assez à propos
Le monde dit que sur son dos
Elle portera sa demeure,
Iusques au moment qu’elle meure

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