Sarasin, Jean-François [?] [1649], LA POMPE FVNEBRE DE VOITVRE. AVEC LA CLEF. , français, latin, espagnol, italienRéférence RIM : Mx. Cote locale : A_6_79.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 25 --

rien en ieu, les quatre coings du grand drap, sur lequel
cette figure estoit posee, estoient soustenus par
Ronsard, des Portes, Bertault & Malherbe, Iupiter
menant Apollon, neuf des plus grandes Deesses,
chacune vne Muse. Le reste de nos Poëtes des
derniers temps suiuoient la figure & fermoient le
Conuoy, y ayant vne telle foule le long du chemin
qui va du Temple d’Apollon au Temple de
Themis, où on a esleué la sepulture des grands hommes,
que sans les Satyres qui faisoient faire place à
coups de tirses, la pompe auroit eu peine à passer :
Les lauriers rompant sous le faix de la canaille Poëtique
qui auoit monté dessus, & tout le monde
auoüant que depuis les funerailles de Catulle, que
son siecle regardoit comme le nostre a fait Voiture,
on n’auoit point veu au Parnasse vne si belle assemblée.
Apres qu’on eut rendu les derniers deuoirs à
l’Image du deffunct, Apollon couronné de cyprez,
tenant vn luth & s’auançant deuant les hommes &
deuant les Dieux, chanta des vers. En cet endroit si
i’eusse creu l’enthousiasme, i’aurois poussé quantité
de vers, mais la raison s’estant presentee à poinct
nommé, & m’ayant monstré qu’il ne m’appartenoit
pas de faire parler Apollon ny de loüer Voiture, i’ay
esté obligé d’en demeurer là, mon dessein estoit
apres luy auoir donné toutes les louanges qu’on
peut donner à vn homme d’esprit, & qu’il meritoit
sans doute, de le faire choisir par Apollon pour son
Collegue à l’Empire de la Poësie, & de faire ordonner
à ce Dieu, que d’oresnauant les Auteurs l’inuoqueroient


page précédent(e)

page suivant(e)