Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

recevoit d’Euhiloche, ie le souffre avec vsure de
… ie le pardonne au zele mercenaire,
par lequel il agist, & quoy que ie reçoive de luy vn
si rude traittement, ie luy conserve vne plus douce
recompence que celle qu’Euhiloche receut de la
main d’Alexandre, ie ne pretends pas par ce petit
narré de mes souffrances, vous émouvoir à vne
nouvelle pitié, ie vous ay reconnu d’vne trop bonne
trempe pour douter de la bonté, que vous m’avez
promise : c’est à elle-mesme que ie demande
vne grace, & c’est à elle-mesme infailliblement que
ie l’obtiendray, puis qu’elle est necessaire à l’Estat,
vtile au Roy, genereuse à Turennes, profitable à
Condé, ces quatre circonstances qui sont, & qui
doibvent estre les seuls motifs, par lesquels vous
agissez, vous acquerront par vne heureuse yssuë plus
de gloire que la malice de nos ennemis ne nous a
procuré d’ignominie. L’Estat en recevra sur le
champ vn bien aussi grand qu’on le peut desirer, &
puis qu’il est impossible de guarir vn malade sans
connoistre son mal, & luy en oster la cause, ie voy
que le traitté de Cazal, autheur & sujet de nos miseres,
nous doit par vostre moyen laisser en estat
de deffendre avec gloire vne ville que sa trahison
nous procurée, & que son mauvais ministere est
incapable de nous conserver : c’est ce Mazarin, ce
Cardinal, ce protegé de ceux qu’il a voulu perdre,
cet ennemy de vengeance, ce fatal obiet des miseres
publiques, ce deserteur, ce refugié, à qui les trahisons
ont donné des recompences bien plus grandes


page précédent(e)

page suivant(e)