Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : D_2_9.
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s’il estoit aux portes de Paris, l’appellent-ils ? se donnent-ils à
luy ? Et parmy les Courriers qu’on a arrestez, à-on intercepté
des lettres que le Parlement ait escrites en Espagne, en Flandres,
en Hollande, ou en Angleterre, afin d’auoir des forces pour sa
protection ?

 

Les Parisiens ont-ils fait comme les Catalans ? Ont-ils renoncé
à la domination de France, pour se mettre sous celle d’Espagne,
& en auoir vn Viceroy ? A-on veu Paris pour vne imposition
de neant, remply de sang & de carnage comme Naples ? &
à son imitation, tuer, massacrer, chasser tous les fideles seruiteurs
du Roy, comme ont fait les Napolitains ? Ie ne parle point
de la furie enragée des Anglois, qui par vn execrable regicide,
ont fait vn Original effroyable à la posterité, sur lequel les plus
detestables rebelles puissent tirer des copies.

Qu ont-ils donc fait qui les fasse rebelles ? & qui merite le sacrifice
de toutes les vies iusqu’à celles des enfans ? Qui oblige vostre
Maiesté d attirer les forces des places frõtieres, & de prouoquer
iusqu’aux enfers, afin de causer le sac de cette Ville incõparable
l’abregé du monde, les merueilles de l’Vniuers ? Depuis 25. ans
ils sont auec le reste de l’Estat chargés & surchargés de toute sorte
de subsides. Il n’y a point eu d année qu’on n’ait fait de nouuelle
impositions. On a multiplié les Officiers sans nombres. Il
n’a pas esté iusqu’aux boües dont on ait trouué l’inuention de
tirer de l’or & de l’argent. Les noms ont plustost manqué au pretexte
des leuées à ceux qui les imposoient, que le payement. Parmy
tous ces fardeaux, insuportables à d’autres espaules qu à celles
des François : On a tousiours patienté auec douceur ; On s’est
laissé non pas tondre, mais escorcher. L’exemple des Estrangers,
n’a iamais fait d’impression dans les cœurs, contre le deuoir
de vrays Chrestiens & veritables Suiets. On s’est laissé ouurir les
veines, & épuiser le sang sans dire mot ; & comme on est venu
iusqu’à l’extremité & à la de faillance, qu’a t’on encore fait ? On
a pleuré, on gemy, on a prié, on a supplié ; on a eu recours à vostre
Maiesté, auec les humiliations plus profondes que l’on n’en
tesmoigne pas à Dieu, & auec les gemissemens de cœur plus
ameres, que ceux que l’on demande pour le Sacrement de Penitence.
Enfin le cœur de vostre Maiesté, Madame, qui est de
ceux que Dieu demande pour soy dans l’Escriture ; c’est à dire de



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