Anonyme [1649], LA GVYENNE AVX PIEDS DV ROY, QVI SE PLAINT DE SES ENFANS, ET QVI DEMANDE A SA MAIESTÉ la continuation de la Paix interrompuë. Discours Moral & Politique, qui monstre l’obeyssance que l’on doit aux Roys, & l’obligation à quoy leurs Majestez sont engagées d’aimer, & de conseruer leurs Peuples, dont ils sont les Protecteurs, & les Peres. , françaisRéférence RIM : M0_1536. Cote locale : C_5_34.
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n’est autre chose que le bien public, qu’ils l’embrassent
à bon escient, & non pas par feintise ; qu’ils n’en prennent
pas simplement le manteau, pour couurir leurs
menées, leurs pratiques, leurs diuisions, & leurs soûleuemens ;
ce qui arriue le plus souuent durant les troubles
d’vn Royaume, comme aussi de prendre le manteau
de liberté, pour opprimer la liberté mesme, & de
se couurir du voile de Religion, pour pallier l’ambition
& l’impieté. Autre est le pretexte, vous dis-je, & autre
le dessein. Mais de quel costé me tourneray-je parmy
tant & tant de malheurs ? qui m’addresseray-je ? de
qui imploreray-je l’ayde & le secours, tant pour moy
malheureuse, que pour mes miserables enfans ?

 

O Dieu ! ô Ciel ! ô Anges ! ô Terre ! ô Hommes !
Mais ô grand Roy ! qui, quoy que ieune d’ans, commandez
aux François, & qui portez le Sceptre de vos
Ayeuls, auec autant d’auantage sur tous les Roys du
monde, que le Lys est naturellement éleué au dessus
des autres fleurs. Grand Monarque ; c’est à vous, mon
cher Prince, à qui i’ay recours, apres Dieu, pour moy
& pour mes enfans vos Suiets, en vne si extreme & pressante
necessité ; C’est à vous, qui auez l’authorité &
l’affection de Pere, d’auiser à leur bien & conseruation,
& l’auoir en autant ou plus grande recommandation
que la vostre propre. Vous representez la grandeur &
la Majesté de Dieu, qui a fait, qui regit, & qui gouuerne
cét Vniuers : & comme au Ciel il a mis pour image
de sa Diuinité le Soleil, aussi a t’il donné en terre
semblable lumiere en la personne des Roys, pour reluire
icy bas, comme ce bel Astre reluit au Firmament. Il
est bien vray que ce Firmament influë les principes des
semences, puis la terre les produit ; les vnes sont accreuës
par les pluyes, les autres par les vents, les autres
par la Lune, & par d’autres moindres Astres : mais c’est
le Soleil qui viuifie, & qui anime toutes choses. Aussi
de tous les grands biens que Dieu fait aux hommes, ils



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