Anonyme [1651], LA MORT FVNESTE DV CARDINAL MAZARIN AVEC SON EPITAPHE. Dediée à Monseigneur le Duc de Beaufort, Duc & Pair de France, & Protecteur du Peuple. , françaisRéférence RIM : M0_2497. Cote locale : C_11_11.
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Luy ; rendre conte helas plustost la Seine,
Remontant vers sa source arresteroit son cours ;
Ou plustost on verroit les Dames sans atours,
Marcher à pied de Paris à Sureine.
On ne satisfait pas par de foibles raisons,
Aux assassins, aux vols, aux funestes poisons :
Barillon exilé, sa mort inopinée,
Ne se peut racheter auec des Louys d’or,
Son ombre veut du sang, & Courtray plus encor,
Que l’Espagnol reprit dans vne apres disnée.

 

 


Broussel, Beaufort, Houdancour & les Princes,
Et mille autres par luy logez dans les prisons,
Ont suiet de punir ses noires trahisons,
Et de vanger la perte des Prouinces.
Ses membres mutilez, tout son sang respandu,
Le reste de son corps dans la greue pendu,
Puis jetté sur la claye & traisne dans la boüe,
Les plus cruels tourmens, qu’on peut s’imaginer,
Les plus honteux encor, s’il s’en peut deuiner,
D’autres que le carquan, la potence, & la roüe.

 

 


Qu’on cherche enfin le dernier des supplices,
Dont le scythe cruel punit vn scelerat,
Degradé de l’honneur de son Cardinalat,
Et depoüillé de tous ses benefices.
L’empalement des Turcs, les tenailles, le feu,
Mourir de faim, de foif, de rage, c’est trop peu,
Les Croix, les cheualets, l’huile, la poix raisine,
Lentement decoulez par le feu sur son dos,
Bruslans iusques au vif de la moüelle, & des os,
Ou tout vif escorché par le ventre & l’eschine.

 



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