Anonyme [1649], LA SECONDE PARTIE DV COVRIER POLONOIS, APPORTANT DES NOVVELLES De l’autre Monde, au Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_833. Cote locale : C_1_46_2.
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me souuient que ces iours passez, vn bon compagnon
de mesme farine que moy, fut attaché à vn noyer
pour faire peur aux pigeons, afin qu’ils n’allassent
manger le bled nouueaux sumé, on luy laissa son habit
de ce satin, donc on fait des aisles aux moulins :
pource que celuy qui le posa en sentinelle, ne vouloit
point porter tant d’état, il vaut mieux que ie le prenne,
cela vaut fait : mais ie suis assiegé d’vne nouuelle
apprehension, le cœur me palpite & me pronostique
quelque malheur, si ie rencontre le Paysan qui me
fit aller en l’autre monde, que feray-ie ? s’il ma tué
ayant vne espée, comment m’accommodera-t’il à present
que ie n’en ay point ? courage passons outre, qui
ne s’aduanture n’a cheual ny mulle. I’ay promis au
sieur Charon d’accomplir son mandement, & puis
qui me reconnoistroit en ce chetif & mesquin équipage ?
en deuisant le temps se passe, ie ne croyois pas
auoir tant exploité de chemin, me voicy prés d’vn
Village.

 

La Sentinelle aduancée.

Demeure là.

Le Polonois.

Ie suis tout demeuré, Sentinelle ie te prie de me
vouloir apprendre quel Village est-ce icy, & celuy
qui commande.

La Sentinelle.

S’enquester de cela est d’angereux, & ie ne sçay qui
m’empesche que ie ne paye t’a demande en plomb
& en poudre.



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