Balzac, Jean-Louis Guez de [?] [1649], LA HARANGVE CELEBRE FAITE A LA REYNE SVR SA REGENCE. , françaisRéférence RIM : M0_1544. Cote locale : A_4_17.
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la procurent en la marquant.

 

Dieu nous promet, Madame, de deuiner de la sorte.
b/> Il approuue & ratifie cette espece de diuination. Et s’il
ne se fache d’estre bien & fidelement seruy, c’est vn inconuenient
qu’il ne faut pas craindre, si la pureté des
mœurs & l’innocence de l’ame ne luy déplaisent, si les
sacrifices des Cours des Princes, & les majestez humiliées
deuant la sienne ne luy sont desagreables, il ne
vous refusera pas vne grace que vous luy demandez si
pieusement, auec de si dignes & si efficaces preparatiõs.

Mais de plus, Madame, compteroit-il pour rien ces
bontez versees à pleines mains, cette Iustice obligeante
& liberale qui a fait raison de tant de personnes interessees,
qui a reconcilié tant de particuliers auec l’Estat,
ces tresors de misericorde & de clemence, par l’ouuerture
desquels V. M. a signalé l’entrée de son administration
de si grandes aduances de charité, ie dis de
charité héroïque, ne seroient-elles point considerees
par celuy qui paye vn verre d’eau de la derniere felicité,
& à qui les hommes prestent à vsure tout le bien qu’ils
font ?

Seroit-ce en vain, Madame, qu’apres auoir pris soin
des innocens affligez vous n’auriez point voulu chercher
de coupables dans la memoire du siecle passé ? Seroit-ce
en vain que vous auriez peu dire ces paroles que
Rome a leuës autrefois auec des larmes de ioye, & que
l’Histoire a grauées en lettres d’or, Qu’on épargne les vies
les moins precieuses ; Qu’on ménage le bon & le mauuais
sang ; Que les prisonniers ayent liberté ; Que ceux qui sont
fugitifs reuiennent. Et pleust à Dieu pouuoir faire reuiure
ceux qui sont morts.



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