A
LA REYNE.
MADAME,
Nous ne desesperons plus du salut de nostre Estat.
Nous ne voyons plus que les maux de nostre siecle
soient incurables. Le premier iour de vostre Regence
nous a promis vn aduenir bien heureux, & si le peuple
Chrestien chastié si long-temps & si exemplairement
par la Iustice du Ciel doit enfin auoir sa grace de
Dieu irrite, vray-semblablement il la recevra par des
mains si pures & si innocentes que les vostres.
La pluspart des Princes se preinent pour celuy qui
les a faits, & rapportent à leur bonne conduite la bonne
fortune de leurs Estats. Ils pensent estre la cause &
ne sont que les moyens, & encor des moyens si foibles
que Dieu s’en sert par bien seance plus que par
necessité, pouuant (s’il vouloit) gouuerner le monde
sans Impereurs, sans Rois, & sans Republiques.
Vostre Majesté, Madame, est tres éloignée de ces