Carneau [signé] [1649], LA PIECE DE CABINET, Dediée aux Poëtes du Temps. , françaisRéférence RIM : M4_63. Cote locale : C_8_24.
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Le copieux Ronsard, l’industrieux Iodele,
Le graue du Bellay, l’agreable Baïf,
Le tragique Garnier, & Belleau le naïf
Me consultoient souuent comme Oracle fidele.

 

 


Desportes m’inuitoit à ses mignards ouurages ;
I’entretenois Bertaud dans ses diuins élans :
Et pour faire des vers plus forts & plus coulans,
Du perron me mandoit par quelqu’vn de ses Pages.

 

 


Pour loüer vn Vainqueur tout couuert de trophées,
Pour descrire vn Amant nageant dans les plaisirs,
Et pour sonder vn cœur iusqu’aux moindres desirs,
Mon odeur seulement les rendoit des Orphées.

 

 


Malherbe fut apres des premiers de la liste
De ceux que i’ay placez parmy les Demi-Dieux,
Et si ie ne poussois mon charme dans ses yeux,
Il n’en voyoit aucun dans les yeux de Caliste.

 

 


Racan, Maynard, Gombault, S. Aman, Theophile,
Corneille, Scudery, Tristan, Mertel, Roirou
Ont plus puisé chez moy de tresors par vn trou,
Qu’llion n’en perdit cessant d’estre vne ville.

 

 


Par moy Faret, Beys, Colletet, Bensserade,
Des-marests, Mareschal, sainct Alexis, du Rier,
L’Estoile, Maistre Adam, Robinet ; Pelletier
Auoisinent les Cieux d’vn autre air qu’Encelade.

 



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