Pepoly, Marco Flaminio [signé] [1649], LA LETTRE DV SIEVR PEPOLY COMTE BOLOGNOIS, ESCRITE AV CARDINAL Mazarin, TOVCHANT SA RETRAITTE hors du Royaume de France. , françaisRéférence RIM : M0_2205. Cote locale : A_5_64.
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que par presens faits à ses Nepueus & autres qui ont credit
dans le Consistoire, d’orner ton frere du Chapeau de Cardinal
qui a cousté à la France sept millions, tant pour lesdits presens
que pour les somptuositez & magnificences de ses Palais,
les despences, ornemens & autres esclats pour esblouïr sa
naissance dans l’or de France, & mesme pour le rendre digne
de la qualité de Vice-Roy de Cathalogne, mesme auec
despens de la vie & de l’honneur de Monsieur de la Motthe-Audencourt,
que tu as calonnié pour faire occuper sa place à
tondit frere, mais ledit Seigneur a fait voire par ses iustifications
tes calomnies & fausses accusations.

 

Et non seulement t’es-tu contenté de déprimer des Mareschaux
de France, mais aussi de detenir au prison des Princes
du Sang en la personne des Pere & des enfans.

Et quand tu as veu que tes finesses & artifices ont estés reconnuës
preiudiciables à la France, & qu’il se trouueroit des
gens qui ne auroient du ressentimet, tu as voulu abattre la iustice,
à ce qu’elle ne puisse prendre connoissance de tes Crimes
& forfaits, dont voulant mettre a bas l’hautorité du Parlement
elle s’est releuée par contrepoids ; & comme tu l’as apprehendé,
tu as traitté auec Galeraty Secretaire deputé d’Espagne
dans S. Germain en Laye au Cabinet en Conseil estroit
& secret pour faire ta paix auec l’Espagnol, & pour cet effet tu
as resolu de mouuoir cette guerre Ciuile & faire sousleuer la
France en la seule attaque de Paris, & donner par là sujet
aux ennemis de recouurer nos conquestes & aux Huguenots
de se sousleuer & profiter de nos émotions.

Sur tout comme Italien Ecclesiastique ie suis combatu de
deux contraires passions ; l’vne de l’affection que ie te porte &
de la compassion de ta misere : L’autre de la joye commune &
du bien public qui resulte de ta disgrace, par laquelle tous nos
autres, tant Ecclesiastiques que Seculiers, conceuons pour l’asseurance
de la Paix entre les Princes Chrestiens, laquelle
pour ton interest particulier, tu as tousiours differé & empesché,
quelque auantageuse qu’elle aye peut estre, parce que



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