Saint-Joseph (révérend père dom Pierre de = R. P. D. P. D. S. J.) [1649], CATECHISME DES PARTISANS, OV RESOLVTIONS THEOLOGIQVES touchant l’Imposition, Leuées & Employ des Finances, Dressée par Demandes & Responces, pour plus grande facilité. , françaisRéférence RIM : M0_652. Cote locale : D_1_9.
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D. Peuuent-ils pas appliquer ces restitutions en œuures pies, comme en aumosnes,
ornemens d’Eglise, fabrique de Chappelles & telles autres actions de pieté
Chrestienne ?

R. Non, parce qu’ils ne sont pas maistres du bien d’autruy, & n’en peuuent
aucunement disposer à son preiudice, sans son consentement. Cela est bon pour vn
bien mal acquis ou possedé iniustement, lors qu’on en ignore, ou le maistre ou l’heritier :
en ce cas il y a obligation de le donner aux pauures, ou l’employer en autres
œuures de pieté, dont le merite & la recompense deuãt Dieu regarde non celuy qui
restituë, car il ne donne rien du sien, mais celuy à qui il appartenoit & qu’on ne luy
peut rendre, ny aux siens, à cause qu’on ne les cognoist pas : Mais il n’en est pas de
mesme au suiet que nous traittons, parce qu’encore que l’on ne cognoisse pas chaque
particulier, pour luy rendre sa cotte-part : C’est assez que l’on sçache que c’est le bien
public, auquel on peut le restituer, comme i’ay dit auec facilité, en le mettant dans les
coffres du Roy, afin qu’il s’en serue dans son vrgente necessité, & en soulage d’autant
ses peuples, en les exemptant des Impositions dont le bien de son Estat le forceroit
de les charger, pour sa conseruation & la leur.

D. Est-il permis de prester son nom aux partisans pour mettre le bien à couuert,
ou tenir en sa maison leur argent, effets & meubles, afin qu’ils soient en seureté &
ne puissent estre découuerts ?

R. Non, Car s’est s’opposer au bien public & au particulier, & aux Loix de la
Iustice & de l’equité. C’est estre receleur d’vne chose dérobée : Et il est sans doute,
qu’outre le peché mortel qu’il y a, lors que les sommes sont notables, l’on fait iniure
à autant de personnes qu’il y en a d’interessées, & que l’on entre dans l’obligation
de restituer.

D. Ceux qui ont veu cacher, ou transporter d’vne maison à autre, de l’argent,
ou des meubles, sont-ils tenus de le dire en estant interrogez ?

R. Ie dis bien dauantage, qu’ils ne doiuent pas attendre l’interrogation : qu’ils
sont obligez de la preuenir, & d’en donner aduis ou à la Iustice, ou à ceux qu’ils
sçauent y estre interessez, ou qui ont pouuoir d’y apporter le remede necessaire
pour le repos des vns & des autres.

D. Les Officiers peuuent-ils entrer dans les Partis ?

R. Non, parce qu’ils sont Iuges, & que l’vne des principales conditions d’vn bon
Iuge, est d’estre entierement des-interessé. Et s’il ne leur est pas permis d’estre les
Iuges des causes qui regardent leurs parens, à plus forte raison ne peuuent-ils point
cognoistre de celles, ou ils seroient engagez par leur propre interest.

D. Que diriez-vous donc de ceux qui ne se contentent pas d’entrer en secret
dans les Partis, mais qui en outre se font donner des Commissions du Conseil, pour
connoistre de tous les differents qui regardent le Party, au preiudice de la iurisdiction
des Iuges ordinaires ?

R. Ie dis que cette demande est si estrange, qu’elle porte sa responce, par l’horreur
qu’elle imprime en la proposant. Bon Dieu ! se pourroit-il bien faire, qu’il y eust
des Officiers si peruertis d’esprit & perdus de conscience ? Et neantmoins on le dit,
& mesme dans Paris, & qu’on l’a obserué dans le Party des Amortissements sur le
Clergé. A quoy ie n’ay que les souspirs & les larmes pour toute responce.

D. I’ay du desplaisir de vous auoir fait cette proposition, puisque vous en estes si
fortement touché, ayant bien iugé qu’elle n’estoit pas necessaire : Et pour vous diuertir
de cette pensée, Dites-moy, s’il vous plaist, en matiere de restitution, suffit il à ces
partisans & hommes d’affaires qui traitent immediattement auec le Roy ou auec ses
Ministres, de restituer ce qu’ils ont receu du bien du peuple & qui est tourné en leur



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