Anonyme [1652], DISCOVRS POLITIQVE, Sur le tord que le Roy faict à son Authorité, en ne faisant point executer les Declarations contre le Cardinal Mazarin, & l’aduantage que cella donne à ses Subjets. , français, latinRéférence RIM : M0_1136. Cote locale : B_20_23.
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ayme bien mieux perdre ce que ie te donne apres te l’auoir
promis, que perdre le reputation d’homme de
bien. Si cét Empereur fit scrupule de manquer à vne
simple promesse verbale faite à vn soldat ; iugez qu’elle
apprehension il eut eu de violer sa foy s’il l’eust engagée
par son Seing, en promettant quelque chose à toutes les
nations de son Empire.

 

a Lib. de
princ. c, 18.

b Comm. l.
2. c. 13. &
de princ. c. 8

c Nemo tã
exiguæ mẽtis
est quin
agnoscat
hæc doctrinam
non
principitãtum
iudeco
ram, sed &
cuinscũ que
sortis homini
esse.

d Æneas
Sylu. l. 2.
En Scrodensi
Rich.
Dinoth. in
sent. history.
Nulla inter
mortales maior necessitas quam fidei seruandæ quâ sublata nec imperia possunt, nec aliquid
quidquam permanere. Cic. [1 lettre ill.]. off. quid imperia, sine iustitia ? Magna omnini latrocicinia.
Iustitiæ verò fundamentum fides. Iouiusin Amur. leuenclauius in pand. Turc. Papæ
quidem & venetis placebat òlim Vladislaum Hungariæ regem fœdus cum cum Amurathe
II. contractum di[2 lettres ill.]oluere id verò deo minus placuisse pugna Varnen sis insecuta ostendit.

Diodor. sicul. lib. 1. cap 6. Ægyptiorum legé periur capite mulctabantur, vt qui & pietatem
in Deos violarens & fidem inter homines tollerent maximùm societatis humanæ vinculum
Tholoz. 8. de rep. c. 8. num. 9. Meritò proinde principis verba & promissionẽs ad firmitatem
propemodùm diuinam accedere debent postquam fidem dedit.

Francis. patrit. lib. de regno & regum instit. lib. 8. tit. 20. tantô enim splendore in principe
fulget fides. vt sine ea omnes regum ac principum virtutes obs[1 lettre ill.]uriores fiant, ab ea singulæ
siclumen accipiunt, vnâ sole, luna, sidera, & stellæ omnes

Remarquez par là que les principaux autheurs qui, ayent iamais écrit de la Politique,
ont tous formé leur opposition à cette doctrine, & luy ont esté toute sorte de
creance.

Cette maxime que ie suis obligé de qualifier si souuent
de perfidie, qui allarme & reuolte tous les esprits,
est capable d’ébranler leur fidelité, laquelle deuant estre
reciproque entre les Sujets & le Souuerain ; ceux-là
voyant ce commerce troublé, & la correspondance
défaillie du costé de leur chef, pourroient par auanture
suiure son exemple. Ie laisse à part cette Politique prophâne,
pour dire que dans la diuine, c’est à dire en bonne
Theologie, si par impossible Dieu estoit menteur,
& ne tenoit pas les promesses qu’il fait dans l’Euangile à
ceux qui viuent sous sa loy, ils seroient desliez du serment
de fidelité qu’ils ont fait au Baptesme. Voila les
perilleuses suites de la doctrine tyrannique de ces Ministres
qui empoisonnent l’oreille de mon Roy.

Ce n’est donc pas sans raison que l’entrée du Cardinal
Mazarin dans le Royaume, laquelle est vn effet de
cette doctrine, a fait dire à Monseig le Duc d’Orleans,
dans sa Lettre écritte à la Cour de Parlement de Bourdeaux,
qu’elle alloit causer le desordre dans l’esprit de
peuples, & attirer apres soy la desolation de l’Estat.
Elle porte encor les affaires & les esprits dans le desespoir
de l’accommodement & de la Paix, puis que, supposé
l’administration & le credit qu’ils ont aupres de sa



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