Anonyme [1649], LE COVRIER EXTRAORDINAIRE, APPORTANT LES NOVVELLES de la Reception de Messieurs les Gens du Roy à S. Germain en Laye, & de celle du Courier d’Espagne au Palais ; AVEC TOVTES LES HARANGVES qui ont esté faites. , français, latinRéférence RIM : M0_827. Cote locale : C_1_42.
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Arras, Bapaulme, Sainct Quentin, & plusieurs autres, sembloient
ouurir les portes à son Altesse l’Archiduc Leopold, & luy dire tacitement,
que le Cardinal Mazarin portoit ses desseins à la ruine de la
France, puis qu’il auoit esté les garnisons de ses villes ; & ainsi les auoit
abandonnées à son Altesse, desquelles elle se fust emparée, si elle eust
esté moins genereuse. Elle a adjousté à cette generosité le refus de la
Paix à ce Cardinal, qui vouloit par des offres & conditions iniques,
achepter nos seruices contre vostre Estat, & se seruir de la Paix pour
faire la guerre contre vous ; & dans vostre sang & celuy de tous les
François, assouuir ses vengeances. Nous n’auons point voulu mettre
son crime en asseurance par nos armes, & luy seruir de Rempart contre
vostre Iustice, qui le poursuit comme perturbateur du repos public,
& ennemy des Roys : Au contraire, ie suis venu de la part du
Roy Catholique, mon Maistre, & de son Altesse Royalle, vous offrir
la Paix ; & vous dire qu’ils mettent entre vos mains leurs interests, &
ceux du Duc de Loraine, qui sont inseparables ; & que vous pouuez
élire vne ville, où les Députez de part & d’autre, trauaillent à conclure
vne Paix, qui portera la guerre dans l’esprit du Cardinal Mazarin ;
qu’ils esperoient cela de la Iustice de vos Conseils, dans lesquels les
Souuerains ont heureusement autrefois trouué leur repos, & la fin de
leurs guerres. Pour vous monstrer outre cela qu’ils ont de la veneration
pour vostre vertu, & de l’affection pour vous & vostre Roy ; ils
vous offrent leurs troupes qui sont sur la frontiere contre vos ennemis,
lesquelles ils feront subsister, & vous commander. Receuez, Messieurs.
ces offres & ces vœux ; aymez la fidelité, mesme dans vos ennemis ; &
monstrez à tout le monde, que vous sçauez aussi bien faire la paix que
la guerre.

 

Decorum
est principi
cum victoriam
propè in
manibus
habeat, pacem
non
abnuere.
Liu, l. 3.

Toute l’assemblée craignoit que ce discours finist, tant il est vray que
celuy qui parle de la Paix captiue facilement les cœurs, & trouue par
tout des auditeurs. Ce Courier ayant cessé Monsieur le premier President
luy dit qu’il donnast son Discours par escrit à la Cour, & qu’elle
y respondroit succinctement.

Paris il n’est plus temps de craindre, puis que tu trouues de la fidelité
dans tes ennemis. La sincerité de tes intentions attire l’Espagne
dans ton party. Releue tes esperances, & les porte iusques dans
le sein de ta victoire. Toute la terre veut prendre part à ta gloire, &
l’on voit tes ennemis t’offrir la paix pour venir vaincre auec toy. Tu
les as surmontez plutost par ta vertu que par tes armes. Conduis
tes desseins a la gloire de ton Roy, & celle de toutes les Nations : Et
toutes les Villes de la France marcheront sur tes pas. Voila desia



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