Anonyme [1649], LE DIALOGVE DV SOLDAT, DV Paysan, de Polichinelle, & du Docteur Scatalon. OV RETOVR DE LA PAIX, AVEC LES REMERCIEMENS Au Roy & à la Reyne. , françaisRéférence RIM : M0_1089. Cote locale : C_7_19.
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Faudra-il, dy-ie, qu’au lieu de commander, comme
ie faisois, ie sois commandé par le Seigneur de ma
retraicte, sans que i’ose me rebeller en aucune façon ?
L’on dict bien vray (ie le cognois) quand on parle
de l’occasion, & que l’on la figure estre chauve : car
souuentefois se presentant à nous, il nous semble
qu’elle doiue tousiours auoir la face riante : aussi l’esperance
que i’auois de profiter dans le mal-heur public,
me l’a fait de telle sorte negliger, qu’à present elle
à subjet de se rire de moy, & de me tourner le dos
pour iamais : ie n’en puis gueres esperer d’autre raison,
puisque l’imbecillité m’a seruy de guide en toutes les
entreprises que i’ay faites : Et d’autre part, n’ayant seruy
mon Prince que pour le lucre, & non pour l’affection
que ie doibs auoir à son seruice, il est impossible
qu’il me puisse arriuer vne meilleure fortune. C’en est
fait, il n’y a plus de remede, vn membre estant separé
de son corps, les moyens defaillent du tout de le remettre :
nous auons la paix, ie le voy bien : voila pourquoy
ie suis contraint de me retirer, si ie ne veux encourir
la iuste rigueur des Ordonnances.

 

LE PAYSAN.

HO, ho ! compagnon, as tu regret de deuenir
homme de bien ? n’y a-il pas assez long-temps
que tu fais de l’entendu, & que tu t’exerce à la pillerie ?
pense-tu quand la guerre dureroit dauantage, que tu
deuinsse plus riche que tu n’es ? non, non mon amy, il
t’en pourroit prendre tout autant comme il m’en à pris



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