Anonyme [1652], LE LABYRINTE DE L’ESTAT, Ou les veritables causes des malheurs de la France. A CTESIPHON. , françaisRéférence RIM : M0_1797. Cote locale : C_12_8.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 8 --

le voir semé. Ils ont cru que puis qu’ils auoient
l’honneur de porter le nom de Rois, ils pouuoient
viure en terre oisifs, comme les Dieux
des Payens dans le Ciel, se repaistre comme
eux d’ambrosie, & s’enyurer de nectar, & que
du moins ils ne deuoient plus estre touchez des
soins des autres hommes pour ne descendre en
leur bas rang, par cet abaissement de leurs pensées
sur la misere & les necessitez de leurs sujets ;
& de cette façon, comme ils n’estoient que les
phantosmes des veritables Rois, ils n’ont veu
que l’ombre de la Royauté, & se sont éuanoüis
comme des ombres, ne laissant d’eux qu’vne
memoire obscure, qui nous laisse en quelque
façon douter s’ils ont vescu. Sous l’Empire de
ceux-cy, par le defaut d’vn Roy, dont la France
ne voyoit que l’image en leurs personnes ; les
Prouinces ont souffert l’empire d’vne infinité
de Roytelets qui les ont toutes rauagées, comme
en l’absence du Soleil, la nuit parmy ses nuages
mesmes, produit tousiours beaucoup de
petits flambeaux qui ne font rien naistre, mais
qui causent la corruption en beaucoup de corps
par les qualitez malignes de leur influences. Ce
sont ceux, lesquels comme l’Empereur Calicule
ayans en peu de temps dissipé les tresors qu’ils
trouuoient dans les coffres de leurs Espargne
par le bon mesnage de leurs predecesseurs, ont


page précédent(e)

page suivant(e)