Anonyme [1652], LE LABYRINTE DE L’ESTAT, Ou les veritables causes des malheurs de la France. A CTESIPHON. , françaisRéférence RIM : M0_1797. Cote locale : C_12_8.
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donnoit la terre à tous les hommes, suiuant le
sens de ces termes, terram autem dedit filiis hominum ;
ils ont voulu restressir les bornes de ses liberalitez,
& ce qui me paroist plus estrange dans
le soin qu’ils ont pris de nous rendre l’vsage de
la vie difficile, ils se sont monstrez auares d’vn
excrement de la mer qu’elle iette comme par
depit sur ses riuages, & c’est ce qu’Horace a mis
au dernier degré de l’abjection, lors que voulant
reprocher à quelque auare l’indignité de sa
bassesse, il ne croit point luy pouuoir dire de plus
grande iniure que celle que contiennent ces
deux paroles.

 

Et salis auarus.

En effet, que peut on conceuoir de plus insupportable
que de les voir se faire vn thresor
de ce que la nature nous donne à si vil prix, que
parce qu’il est necessaire aux hommes, & de
forcer ceux qui veulent se priuer de ce bien
pour ne l’achepter si cherement, d’en prendre
vne certaine quantité qu’on leur vend auec
poids & mesure, à tel prix qu’il plaist au Prince,
& qui maintenant est le plus excessif du monde.
Certes quand ie voy qu’vne infinité de supposts
de cette tyrannie qu’on nomme Archers, sont
establis sur tous les passages des riuiëres, & presque
dans toutes les villes, pour l’asseurance de ce
tribut qui subsiste depuis tant d’années, & que



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