Anonyme [1651], LE MANIFESTE DE LA NOBLESSE QVI S’EST IETTEE DANS LE PARTY du ROY, sous la Conduite de Monseigneur le PRINCE. Où les veritables Desinteressez verront dans la suitte d’vn beau raisonnement, que les Seigneurs & les Gentilshommes qui se sont declarez pour Monseigneur le Prince, sont les veritables Seruiteurs du Roy. Et hoc etiam vidente & ringente inuidia, Sen. lib.2. de Benef. , françaisRéférence RIM : M0_2357. Cote locale : B_6_15.
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Pour cét effet il faut presuposer ce qui ne sçauroit
estre nié par aucun homme de sens ; que le
Roy, quelque Maieur qu’il soit, & quelque grande
capacité de genie que la nature luy ait eslargy,
n’est neanmoins point encor en aage de porter le
poids des affaires, & de gouuerner le Tymon de
sa Monarchie, sans se conduire par l’intelligence
de ceux qui sont aupres de sa personne sacrée, &
que la bonne ou la mauuaise fortune de l’Estat ont
esleué à l’honneur de sa confidence : pour nier cette
verité il faudroit encherir par dessus la flaterie
de ce Courtizan de la Cour de Macedoine, qui disoit
autre fois pour flatter son maistre, qu’il seroit
à propos de diuiniser les mouches qui se repaissoient
du sang d’Alexandre ; & que cette boisson
estant beaucoup plus pretieuse que le Nectar des
Dieux, il ne falloit point douter que celles qui s’en
repaissoient, meritoient d’estre esleuées à l’immortalité.

Ie presuppose en second lieu, ce que l’experience
ne rend que trop visible à toute la France ; que
les creatures, ou les partizans & protecteurs du
C. Mazarin se sont emparez de la personne sacrée
de sa Majesté ; & que parmy tous ceux qui ont
l’honneur de l’approcher, il n’en est point qui ne
soit renuoyé auec grand mespris, à moins qu’il ne
se rende complaisant à la passion generalle qu’on
a pour le restablissement de ce proscript. Tous les
gens de bien souscriront à cette verité.



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