Anonyme [1649], LE PACIFIQVE OV L’ENTRETIEN D’ARISTE AVEC LVCILE, SVR L’ESTAT DES AFFAIRES presentes. Eccles. 4. Il y aura vn conseil de Paix entre l’vn & l’autre party. , français, latinRéférence RIM : M0_2641. Cote locale : A_7_1.
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temps, & presque tousiours funestes dans les euenemens.

 

Cela vient d’vne fatale demangeaison de quelques vns,
qui trouuent beaucoup moins de satisfaction, mesme dans
cét heureux repos qui est le fruit de la victoire, que dans le
bruit de la dispute : iusques là, qu’ils ont de l’amour pour la
haine mesme toute horrible qu’elle est, & qui dans la guerre,
se fait tousiours accompagner de mépris, de crainte, & de menaces,
& où l’on se porte plustost, par vne vaine, esperance de
faire parler de soy, que par aucun motif d’vne veritable vertu.

Ce sont des gens qui se ioüant de la vie, n’ont iamais appris
à vouloir ce qui est à desirer, & dont les resolutions sont mobiles
comme le vent. Ils se moquent des conseils & des auis
des sages, & n’en reçoiuent point qui ne leur plaisent. S’ils
semblent auoir du zele, il n’est point sans amertume & sans desir
de vengeance. L’inconstance les suit par tout : ils sont ennemis
mortels de toute discipline : ils regardent la Iustice
comme vne chose cruelle : L’éclat de toutes les veritez, ébloüit
les yeux de ces pestes publiques, & ne le pouuant supporter,
ils mettent toute leur ioye aux artifices du mensonge,
& aux inuentions de l’imposture.

Ils arrestent les simples au milieu des ruës, pour leur inspirer
le venin qu’ils ont dans l’ame : Ils font à cét effet des Assemblées
dans les places publiques ; ils courent de nuit & de
iour au secours de leur party chancelant. Quelques-vns vont
faire leur entretien dans les ruelles des Dames, & tandis que
les autres écriuent au dehors de fausses nouuelles ; ceux-cy
tachent de trouuer entrée dans les cabinets, & de penetrer
iusques au Sanctuaire, & tous pour vne mesme fin, qui seroit
vn renuersemẽt de toutes choses, & vn desordre sans remede.

C’est sans doute de ces sortes d’esprits dont Dieu se plaint,
de ce qu’ils méprisent la glorieuse qualité de ses enfans, en
méprisant les fruits de la Iustice, qui ne peuuent estre semez
ny croistre que dans la Paix. Ils ont éleué leur cœur, dit-il, &
m’ont chassé de leur memoire ; mais comme vn ourse enflammée
de colere par le rauissement de ses petits, ou bien comme vn Lion
plein de furie, ou quelque autre beste farouche, ie couray au deuant
d’eux pour les mettre en pieces ; ie leur dechireray les entrailles,
& les consumeray comme le feu.



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